État et armée aux Émirats arabes unis : les enjeux de la construction d’une force militaire

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Cet article, qui examine la transformation de la place et du rôle des forces armées des Émirats arabes unis, s’articule en trois temps. Il retrace tout d’abord les premières étapes de la construction d’une force militaire aux Émirats arabes unis. Il s’intéresse ensuite aux motivations internes qui ont encouragé les dirigeants d’Abu Dhabi, au lendemain de la guerre du Koweït, à procéder à d’importantes réformes militaires. Il se focalise enfin sur l’enjeu de la redéfinition de la place et le rôle des forces armées d’abord comme instrument de protection de l’État, puis comme vecteur de son affirmation dans l’espace moyen-oriental. Au final, l’objectif de cet article est d’identifier les facteurs qui ont permis de positionner les forces armées au cœur du système de pouvoir des Émirats arabes unis, définissant ainsi une trajectoire de développement distincte des autres pays de la péninsule Arabique, où la force militaire a traditionnellement été tenue à distance par des dirigeants inquiets de voir celle-ci s’immiscer dans le processus de prise de décision.

This article explores the relationship between the State and the armed forces in the United Arab Emirates. It first focuses on the different stages of the construction of a military force in the UAE. It then analyses the internal incentives behind Abu Dhabi’s decision to build up its military capabilities in the aftermath of the first Gulf war, and finally details the transformation of the Armed forces’main functions, both as the protector of the state against external aggression and as a tool to assert the state’influence in the Middle East regional politics. It therefore aims at identifying the factors that contributed to position the armed forces at the core of the UAE political system, whereas most of regional leaders, especially in the GCC states, have often proved reticent in the past to mobilize their population for defense and to build up their military capabilities, because of institutional weaknesses or by fear of military coup.