Des « médiocres », des « rienneux » et autres « zéros » : sur le mépris social en Afrique

Fiche du document

Date

2020

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Source

Diogène

Collection

Cairn.info

Organisation

Cairn

Licence

Cairn

Résumé Fr En

La démarche de cette analyse part de l’étonnement de l’oubli de la question sociale dans les relations en Afrique, étonnement dans la mesure où les différentes luttes d’émancipation posaient la nécessité pour l’Afrique de se penser elle-même, de se dire elle-même et d’agir par elle-même. Les indépendances acquises, on a constaté que la différence sociale a amené à un mépris de ceux qui se trouvent dans des positions défavorisées et dont on fait dériver leur identité de leur position sociale. Ainsi, dans la société ivoirienne, celui qui n’a rien est qualifié de rienneux. Celui qui n’a pas réussi sa vie est appelé non plus un looser, mais un zéro. L’analyse du médiocre par le philosophe camerounais Ébénezer Njoh Mouellè ne relie pas le comportement de cet homme à sa situation sociale et s’inscrit, ici encore, dans une confusion entre identité et position sociale, l’auteur faisant dériver la première de la seconde. En partant d’une critique du concept de médiocrité chez Njoh Mouellè, cette étude vise à relever d’une part l’impensé de la philosophie contemporaine africaine – la souffrance de l’homme à qui on refuse les conditions d’une vie réussie – et d’autre part les voies possibles pour supprimer le mépris et transformer la non-considération en reconnaissance.

The approach of this analysis begins with my astonishment at the neglect of the social question in relationships in Africa, astonishment insofar as the various struggles for emancipation implicated the need for Africa to think, speak and act for herself. After winning independence, we noticed that social difference led to contempt for those who find themselves in disadvantaged positions and whose identity is derived from their social position. Thus, in Ivorian society, the one who has nothing is called a nothing, a “rienneux”. The one who failed is no longer called a looser, but a zero. The analysis of the second-rate man by the Cameroonian philosopher Ébénezer Njoh Mouellè does not link his behavior to his social situation and is again based on a confusion between identity and social position because the author derives the former from the latter. Starting from a criticism of the concept of mediocrity in Njoh Mouellè, this study aims on the one hand to raise the unthinkable in contemporary African philosophy –the suffering of the man to whom one refuses the conditions of a successful life– and in the other hand to underline the possible ways to suppress contempt and transform non-consideration into recognition.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en