2020
Cairn
Fatima Doumbia, « Des « médiocres », des « rienneux » et autres « zéros » : sur le mépris social en Afrique », Diogène, ID : 10670/1.qh7k2o
La démarche de cette analyse part de l’étonnement de l’oubli de la question sociale dans les relations en Afrique, étonnement dans la mesure où les différentes luttes d’émancipation posaient la nécessité pour l’Afrique de se penser elle-même, de se dire elle-même et d’agir par elle-même. Les indépendances acquises, on a constaté que la différence sociale a amené à un mépris de ceux qui se trouvent dans des positions défavorisées et dont on fait dériver leur identité de leur position sociale. Ainsi, dans la société ivoirienne, celui qui n’a rien est qualifié de rienneux. Celui qui n’a pas réussi sa vie est appelé non plus un looser, mais un zéro. L’analyse du médiocre par le philosophe camerounais Ébénezer Njoh Mouellè ne relie pas le comportement de cet homme à sa situation sociale et s’inscrit, ici encore, dans une confusion entre identité et position sociale, l’auteur faisant dériver la première de la seconde. En partant d’une critique du concept de médiocrité chez Njoh Mouellè, cette étude vise à relever d’une part l’impensé de la philosophie contemporaine africaine – la souffrance de l’homme à qui on refuse les conditions d’une vie réussie – et d’autre part les voies possibles pour supprimer le mépris et transformer la non-considération en reconnaissance.