Du réalisme du Nord au Théâtre de la cruauté : résonances entre Bruegel l’Ancien et Antonin Artaud

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2020

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Par-delà les époques un dialogue semble s’être instauré entre Bruegel l’Ancien (1525-1569) et Antonin Artaud (1896-1948). L’émerveillement du poète devant la « peinture du Nord », à la fois réaliste et emblématique, est révélateur de son idéal le plus profond d’artiste : la peinture, opération « magique », déploie un pouvoir d’expression fondé sur les signes et non plus sur les mots, dont le théâtre est appelé à s’emparer également. La juxtaposition du Triomphe de la Mort de Bruegel et d’un dessin célèbre d’Artaud, Le Théâtre de la cruauté, met en évidence les convergences saisissantes entre les deux artistes. A travers leurs œuvres picturales tous deux renouvellent par delà les siècles la symbolique funéraire et mythique de la mort, héritée des scènes macabres des tableaux médiévaux, mais aussi de la haute Antiquité. L’étude des références à l’iconographie théâtrale dans la peinture de Bruegel, où carnavalesque et crudité de la mort se renforcent mutuellement, permet d’approfondir le sens de ces résonances. Chez les deux artistes, la forme et l’élan poétique se rencontrent pour que la représentation, en tant que structure commune à la peinture et au théâtre, fixe un instant du monde, tout en animant cet instant à l’infini, grâce à des signes conçus comme de « véritables hiéroglyphes » (Artaud), problématique que Michel Foucault a associé à la vérité la plus forte que porte l’expérience de la folie.

Beyond the eras a dialogue seems to have been established between Bruegel the Elder (1525-1569) and Antonin Artaud (1896-1948). The poet’s wonder at the « painting of the North », both realistic and emblematic, reveals his deepest ideal as an artist : painting, a « magical » operation, deploys a power of expression based on signs and no longer on words, which the theatre is also called upon to seize. The juxtaposition of Bruegel’s Triumph of Death and a famous drawing by Artaud, Le Théâtre de la cruauté [The Theatre of Cruelty], highlights the striking convergences between the two artists. Through their pictorial works, both of them renew over the centuries the funerary and mythical symbolism of death, inherited from the macabre scenes of medieval paintings, but also from ancient times. Studying the references to theatrical iconography in Bruegel’s painting, where carnival and crudity of death reinforce each other, allows us to deepen the meaning of these resonances. For the two artists, form and poetic momentum meet so that representation, as a structure common to painting and theatre, fixes a moment of the world, while animating that moment to infinity, thanks to signs conceived as « true hieroglyphs » (Artaud), a problem that Michel Foucault associated with the strongest truth that the experience of madness carries.

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