2021
Cairn
Laurent Thévenot, « La grande décentration », Revue du MAUSS, ID : 10670/1.qpa69m
Face aux bouleversements qui affectent gravement la sociologie et menacent sa survie, l’auteur propose une intégration de ces renversements en les concevant comme autant de forces de décentration au regard des définition et méthode classiques de la discipline. Ces décentrations exigent toutes de prendre en compte des dépendances sous-estimées, voire méconnues, du social à l’égard de multiples laissé(e)s-pour compte que les « studies » ont notamment contribué à mettre sur le devant de la scène.Le mouvement de l’article suit une décentration affectant à la fois le sujet, agent ou acteur social qui ne peut plus servir de pivot, et les formes du commun et de communauté qui sont excentrées au regard des sociétés et collectifs. Loin de la société (1), le parcours conduit tout contre l’étrangeté (2) d’une extériorité désormais à intégrer dans l’appréhension de l’humain par ses dépendances (3). Être ensemble avec ce, celles et ceux auparavant minorés (4) requiert des déplacements dans la mise en commun appelée à se soucier davantage d’attachements dans le proche et à ouvrir en outre la cohabitation au-delà de l’humain, au prix de remaniements qui ne laissent pas indemne la normativité sous-jacente des sciences sociales. Des modes de gouvernement affranchissent de la cité (5) en passant, au-delà de l’économie de marché, par des choses qui soutiennent des alliages d’économie politique plus profonds que les alliances versatiles entre oligarques et autorités politiques.