2012
Cairn
Thierry Lentz, « A brief history of an oft-forgotten secondary source for the Revolution and Empire period: the Memoirs of Napoleon », Napoleonica. La Revue, ID : 10670/1.qxvusn
On oublie parfois qu’à Sainte-Hélène, Napoléon dicta ses mémoires. Commencé sur le Northumberland, poursuivi au pavillon des Briars puis à Longwood, ce travail n’alla pas à son terme et, hélas, on ne dispose que des textes sur les premières campagnes (Toulon, Italie, Égypte) et la dernière (Cents-Jours).Ces textes ne doivent pas être confondus avec ce qu’on appelle les « mémoriaux », propos retranscrits par les fidèles qui l’accompagnèrent et l’écoutèrent parler dans la « dernière phase » de sa carrière. Parmi ces témoignages que Heinrich Heine appela les « évangiles », le fameux Mémorial de Sainte-Hélène de Las Cases et le Napoléon dans l’exil du docteur O’Meara occupent une place de choix. Publiés dès la mort de l’empereur, ils furent augmentés plus tard des Récits de captivité du général de Montholon puis des journaux, mémoires ou cahiers du général Gourgaud, du valet de chambre Marchand et du grand maréchal du palais Bertrand, etc. Leur succès populaire a quasiment fait tomber dans l’oubli les « vrais » Mémoires de Napoléon, ceux qu’il a lui-même voulus, dictés, corrigés et laissés en dépôt à ses compagnons pour qu’ils en assurent la diffusion. Alors qu’à juste titre, les historiens, font appel à des dizaines de témoignages d’acteurs importants ou secondaires du Consulat et de l’Empire, ils font plus rarement référence à celui-ci, qui est pourtant celui du scénariste, metteur en scène et rôle principal de l’épopée. Il est essentiel pour connaître le point de vue de Napoléon Bonaparte sur plusieurs étapes importantes de son propre parcours en même temps qu’il a participé à l’écriture postérieure de l’épisode napoléonien.Comment Napoléon rédigea-t-il ces textes ? Quelle peut-être leur utilité pour les historiens ? Telles sont les questions qu’aborde cet article.