Retour sur la « vérité historique » selon Freud

Résumé Fr En

On s’attache ici à la notion de « vérité historique ». À travers un commentaire du texte freudien, on objecte à la lecture récente de B. Karsenti (2012) le rôle essentiel du paradigme de la psychose dans l’intelligence clinique du phénomène monothéiste. C’est depuis son équivalence avec une construction délirante que le régime de vérité propre du monothéisme doit être saisi. La nouveauté du Moïse ne tient pas à sa mobilisation de la notion de vérité historique, déjà opérante dans L’avenir d’une illusion : c’est l’enrichissement de cette notion par l’abord freudien de la psychose dans les années 1930 qui donne tout son sens au mono- du monothéisme. C’est à partir de la « littéralité de la psychose », seule à même d’expliquer la répétition agie du meurtre inaugural du père primitif, que doit être entendu le réalisme du dernier Freud.

This paper focuses on Freud’s concept of “historical truth” ». Exploring Freud’s Moses, it objects to Karsenti’s (2012) recent analysis by putting forth the central role of psychosis in the clinical understanding of the monotheistic phenomenon. Bearing in mind Freud’s equation of monotheism with a delusional construction is the only way to understand the kernel of truth which lies within monotheism. Thus Moses’ novelty is not to be found in the concept of historical truth, already at work in The future of an Illusion, but in the development made possible by its connection with the psychoanalytic approach to psychosis – Freud’s own understanding of the mono- in monotheism. Only the « literalism of psychosis », by accounting for the acted repetition of the original murder of the primal father, can shed light on Freud’s realism.