Garder un pied dehors : Travail et hors-travail chez les agents de l’État en abattoir

Résumé Fr En

Cet article interroge les spécificités d’un groupe professionnel, les agents de l’État en abattoir. Ces particularités soulèvent plusieurs tensions structurantes qui gagnent à être analysées en termes de socialisation. Les agents en abattoir sont en effet tiraillés entre leur appartenance à la fonction publique et l’ouvriérisation du travail, d’une part, et leur engagement au travail et une tentation démissionnaire, d’autre part. L’un des enjeux de cette étude consiste à montrer comment ce personnel négocie le travail « à-côté » afin de ménager des dispositions issues de leur trajectoire et de leurs appartenances sociales. Cette forme de « retrait » est parfois la conséquence d’un mal-être au sein de l’administration. Elle apparaît aussi comme l’affirmation et le pivot d’une culture rurale héritée et d’une culture ouvrière adoptée. C’est sur le temps de travail que se cristallisent les conflits et que portent les arrangements. Le temps de travail devient un réel enjeu politique en ce qu’il mobilise des représentations de ce que doit être le travail, de surcroît le travail dans le secteur public. Ce sont, in fine, les sens donnés au hors-travail qui sont questionnés, notamment dans la période contemporaine, à travers l’introduction récente des enjeux de santé au travail.

One Foot In, One Foot Out. Work and Non-Work among Veterinary Services Employees in the French SlaughterhousesThis article questions the specificities of a professional group, government officials in slaughterhouses. These particularities raise several tensions that need to be analysed in terms of socialization. Slaughterhouse officials are divided between belonging to the civil service and the work force, on the one hand, and commitment to work and resignation (staying and leaving the slaughterhouse), on the other hand. The recording of inspectors’ social and professional trajectories shows that their “withdrawal” is sometimes the result of unease within the administration, but also the reaffirmation of the heritage of a rural culture and the adoption of a workers’ culture. It is on working time that conflicts crystallize and that arrangements are made. Working time is becoming a real political issue in that it mobilizes representations of what work should be, in addition to work in the public sector. In the end, it is the meanings given to the non-working world that are questioned, particularly in the contemporary period, through the recent introduction of occupational health issues.