21 septembre 2009
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Caroline Heysch, « Approche historique des identités montagnardes à travers les mobilités professionnelles et familiales : Belledonne, XXe siècle », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.rbkcyq
La construction territoriale est une nébuleuse dans laquelle interviennent de nombreux paramètres intéressant l'ensemble des sciences de l'homme. Les besoins actuels du développement tant local que régional invitent à une mise en perspective historique des identités qui fait souvent défaut à la prospection et la gouvernance. Cette démarche réflexive suppose d'approfondir la connaissance des sociabilités et des milieux, et de rétablir des liens entre présent, passé (du XXe siècle essentiellement) et avenir. Du fait des contraintes physiques qui le caractérisent et toutes périodes confondues, l'espace montagnard alpin présente aux populations qui l'investissent, des contraintes particulières supposant des modes d'adaptation diversifiés. Entre espace rural et pôles urbains, les acteurs du massif de Belledonne, quoique fédérés en réseaux, peinent à assumer le caractère intermédiaire et la complexité de leur territoire. En réifiant le passé dans une logique de promotion à usage interne, applicable au village autant qu'au territoire, les représentations collectives et la sélection patrimoniale qui s'en inspire ne reflètent pas la pluralité des origines et des choix individuels à chaque génération. Le processus d'intégration des nouveaux arrivants tend vers l'effacement de l'histoire des individus considérée comme non signifiante, face au contrôle du foncier et à la priorité du maintien de l'agriculture. C'est un phénomène neutralisant, repérable ailleurs dans l'évolution des familles et des groupes, qui participe d'une tendance au renforcement du sentiment d'insularité défini par Claude Lévi-Strauss, et paradoxalement, à une homogénéité culturelle fictive. Être d'ici et d'ailleurs... L'entrée par les mobilités sans déconnecter le familial du professionnel, et la comparaison entre représentations et récits de vie, éclaire autrement la traçabilité des valeurs en sondant leur relativité. Si elle n'infirme pas la donne, cette approche historique et anthropologique du massif de Belledonne permet, en redonnant simplement chair au vécu et au moins visible, de mieux appréhender les réalités et l'historicité du capital social "disponible".