2021
Cairn
Una Popović, « Entre deux mondes : la création en cours de l’identité personnelle et nationale », Études Balkaniques, ID : 10670/1.rbz939
Penser à la mémoire est un effort réflexif ; puisque la mémoire est un aspect de la conscience humaine qui joue un rôle constitutif dans son fonctionnement, la même conscience a toujours un pas en arrière lorsqu’elle tente de la comprendre. Pour avoir une idée de l’identité personnelle, il faut s’appuyer sur une mémoire permettant de posséder un soi et de la reconnaître comme un soi personnel, pour permettre à l’identité de se réaliser. L’identité personnelle n’est pas une identité formelle vide, bien que sa fonction soit ressentie comme une sorte de principe fondamental de la personnalité. Cependant, ses caractéristiques non formelles sont données et créées par la mémoire, car la mémoire n’est pas simplement un mode passif de présentation des événements passés, mais un mode de leur réveil, qui leur donne, en fait, un sens.L’identité personnelle ne se limite toutefois pas aux rouages de la conscience ; cela dépend de diverses pratiques sociales de création d’identités nationales et d’autres identités collectives. Cette dépendance sera le point central de mon enquête, qui consiste à déterminer les relations complexes entre l’identité personnelle et nationale en cours de création. Je limiterai ma recherche à un exemple très personnel, le cas où plusieurs modèles d’identité différents, mais similaires, sont présentés, qui déterminent tous l’identité personnelle et réfractent la mémoire. Ma recherche porte en outre sur le phénomène post-Yougoslave de la reconstitution des identités nationales et sur la perspective de l’expérience des réfugiés, permettant une identité personnelle réfractée, causée par l’appartenance à deux modèles différents d’identité nationales serbe. L’analyse vise à montrer les intersections complexes entre ces modèles et à réfléchir sur l’identité personnelle comme étant constituée dynamiquement. Multifocale dans son organisation interne, elle peut constituer un point de rupture et de critique possible à l’horizon de modèles d’identité nationaux plus généraux.