2020
Cairn
Elizabeth Johnson, « Une géopolitique biomimétique : Placer l’extérieur à l’intérieur », Techniques & Culture bis, ID : 10.4000/tc.13776
Les innovations de la biomimétique ont mis au jour un lien récursif entre la production de savoirs biologiques, l’innovation technique et le contexte plus large des histoires et des environnements matériels. Cet article examine le projet RoboLobster et le rôle de la technique biomimétique dans la stratégie militaire des États-Unis. De quelle manière le biomimétisme militaire oriente-t-il certaines perceptions des biologies non humaines, en mettant ces dernières au service d’une stratégie politique, mais aussi en recodant leurs activités vitales à travers un langage de l’opérabilité ? La biologie et sa pratique sont re-conceptualisées au prisme de la bio-opérabilité et de l’éco-sécurisation pour devenir des actifs productifs. Par le langage de l’opérabilité, le vivant devient synonyme d’une capacité à s’adapter à des conditions environnementales. La culture épistémique de la biologie et celle de l’innovation technique se trouvent ainsi étroitement liées dans un rapport récursif, mais aussi inscrites dans une vision de la Terre comme champ de bataille, et de ses habitants comme agents actifs doués d’un potentiel transformatif. Ce projet n’est pas motivé par un souci d’accumulation, mais plutôt par une logique de domination opérationnelle de l’espace et des conditions environnementales.