Une géopolitique biomimétique : Placer l’extérieur à l’intérieur

Résumé Fr En

Les innovations de la biomimétique ont mis au jour un lien récursif entre la production de savoirs biologiques, l’innovation technique et le contexte plus large des histoires et des environnements matériels. Cet article examine le projet RoboLobster et le rôle de la technique biomimétique dans la stratégie militaire des États-Unis. De quelle manière le biomimétisme militaire oriente-t-il certaines perceptions des biologies non humaines, en mettant ces dernières au service d’une stratégie politique, mais aussi en recodant leurs activités vitales à travers un langage de l’opérabilité ? La biologie et sa pratique sont re-conceptualisées au prisme de la bio-opérabilité et de l’éco-sécurisation pour devenir des actifs productifs. Par le langage de l’opérabilité, le vivant devient synonyme d’une capacité à s’adapter à des conditions environnementales. La culture épistémique de la biologie et celle de l’innovation technique se trouvent ainsi étroitement liées dans un rapport récursif, mais aussi inscrites dans une vision de la Terre comme champ de bataille, et de ses habitants comme agents actifs doués d’un potentiel transformatif. Ce projet n’est pas motivé par un souci d’accumulation, mais plutôt par une logique de domination opérationnelle de l’espace et des conditions environnementales.

‪This paper analyzes how biomimetic innovations reveal a recursive knot between biological knowledge production, technological innovation, and wider material environments and histories. It focuses on the so-called RoboLobster project and the role of biomimetic technology within US military strategy. I consider how military biomimetics orients certain perspectives on nonhuman biologies, reframing them not only as active elements in political strategy, but also recoding their life activities through the language of operability. This, I suggest reconceptualizes bioscience and its labors as productive assets through a lens of bio-operability and eco-securitization. Through a language of operability, analyses of life are made synonymous with capacities to adapt to environmental conditions. In the process, not only have the epistemic cultures of bioscience and technological innovation become recursively entwined, they are enfolded within a view of the earth prefigured as a battlefield and its inhabitants viewed as active agents of transformative potential on it. These transformative potentials are not driven by accumulation, but by a logic of the operational dominance over space and environmental conditions.

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