La mort, une règle implicite affolante en gérontologie

Résumé Fr En

Les professionnels qui accompagnent des personnes âgées dépendantes se retrouvent dans une situation paradoxale. Ils donnent des soins dont le but est d’améliorer la qualité de vie des personnes désignées. Mais leur travail d’accompagnement conduit aussi inévitablement la personne âgée à la mort. Cette finalité étant contradictoire avec l’essence du soin qui est prodigué, personnes âgées, familles et professionnels s’organisent pour ne pas en parler. Sans en avoir conscience, tous s’organisent pour tenter de sortir du paradoxe dans lequel l’obligation de réponse à la dépendance les enferme. Dans cet article, nous démontrons comment, de façon implicite, cette question de la mort devient une règle qui va entraîner la « dépsychisation » des personnes âgées en s’appuyant sur les doctes discours des spécialistes de la psychopathologie et des pathologies neuro-dégénératives pour que les soignants puissent continuer à prendre soin de leurs corps.

Death, a frightening implicit rule in gerontologyProfessionals who care for disabled older people find themselves in a paradoxical situation. They are caregivers whose aim is to improve the quality of life of the care recipients. However, caring takes place in the inevitable trajectory towards death. This inevitability is at odds with the central task of caring and older people, their families and professionals are caught up in the organisation of these tasks without addressing the finality of death. Although they are not aware of it, the organisation of care involves attempts to extract themselves from the paradox within which carers are trapped on account of their obligation to care. This article demonstrates how this question of death implicitly becomes a rule which entails the « psychismless » of older people, founded on a professional discourse of psychopathology and neuro-degenerative pathologies that enables carers to continue in their caring tasks.