2020
Cairn
Barbara Carnevali, « Grandeur et misère du social. L’itinéraire philosophique d’Axel Honneth », Revue de métaphysique et de morale, ID : 10670/1.rsbrrv
Dans cet article, je retrace et discute l’itinéraire philosophique d’Axel Honneth, depuis La Lutte pour la reconnaissance jusqu’à ses récents essais Le Droit de la liberté et L’Idée du socialisme . Dans la première partie, le concept programmatique de pathologie sociale sera mis en relation avec celui de « sécularisation de la théodicée » formulé par Ernst Cassirer – à savoir, l’attribution de la responsabilité de la souffrance humaine à la société – et avec l’héritage des Lumières légué par Jean-Jacques Rousseau. Dans la deuxième partie, une fois précisée la position occupée par Honneth dans la tradition de la théorie critique francfortoise, j’aborderai ses propositions théoriques ; je distinguerai notamment deux modèles normatifs correspondant à deux phases successives de la pensée honnethienne : la lutte pour la reconnaissance d’une part, qui s’appuie sur une anthropologie formelle à valeur universelle ; et la théorie de la liberté sociale d’autre part, qui réactualise la doctrine hégélienne de l’éthicité en s’appuyant sur un modèle historique et internaliste de critique sociale reconstructive. Dans la troisième partie, je me pencherai sur la « divinisation du social » inhérente au projet d’une critique des pathologies sociales, ainsi que sur la confiance excessive qu’Honneth semble accorder à la force normative de l’intersubjectivité.