Contretemps ou l’intemporalité de l’inconscient

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Comment peut-on se souvenir et souffrir de ce qui n’a jamais été ? Comment peut-on conserver « la mémoire insue d’un passé non vécu » ? Comment le psychisme circule à travers le temps ? La clinique du généalogique, de la communication des inconscients et des transmissions psychiques inconscientes nous confronte à la problématique du passage et des modalités selon lesquelles s’effectuent ces transferts, ces conservations et ces retours dans la suite successive des générations. Mais ici la question du comment est subordonnée à une question plus fondamentale relative à ce qui en constitue, en amont, les conditions de possibilité et puisse rendre raison de survivances dans le psychisme de ce qui défie le temps, met à mal nos façons intuitives de penser la chronologie, la diachronie et la causalité. Sans doute faut-il donner tout son sens et son étendue à l’assertion freudienne selon laquelle l’Inconscient ne connaît pas le temps et que de ce fait les processus du système inconscient sont intemporels. Ce point de vue, qui en vient à opposer la « réalité psychique » à la réalité évènementielle, ne saurait se confondre avec la réalité subjective ou imaginaire à laquelle on prétend réduire la cause de l’angoisse et des symptômes, mais bien plutôt à un réel primitif qui appartient à la mémoire de l’espèce dont celle-ci garde l’empreinte. Cette irréalité du temps est pensable dans le nouvel esprit scientifique avec lequel naît la psychanalyse et accrédité par ce qu’enseigne la physique qui en est issue et les présupposés métaphysiques qui en sont les implicites fondements.

How can one remember and suffer from what has never been? How can one “conserve the unknown memory of a past that has not been experienced”? How does the mind circulate through time? The clinical experience of the genealogical, of the communication between unconsciouses, and of unconscious psychic transmissions faces us with the problematic issue of the passage and modalities according to which these transferences, these conservations and these returns occur from one generation to another. But here the question of “how” is subordinated to a more fundamental question related to what constitutes, upstream, the conditions of possibility and can account for the traces in the mind of what defies time and undermines our intuitive ways of thinking about chronology, diachrony and causality. It is no doubt necessary to give full meaning and range to Freud’s assertion that the unconscious does not know time and that, asa consequence, the processes of the unconscious system are timeless. This point of view, which contrasts “psychic reality” with factual reality should not be equated with the subjective or imaginary reality to which the cause of anxiety and symptoms is often reduced, but rather with a primitive real that belongs to the memory of the species of which the latter keeps a trace. This unreality of time is thinkable in the new scientific spirit with which psychoanalysis was born, and is accredited by the teachings of physics that emerged from it and the matephysicalpresuppositions which are its implicit foundations.

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