2016
Cairn
Jean-Pierre Vidal, « Contretemps ou l’intemporalité de l’inconscient », Connexions, ID : 10670/1.rut2nd
Comment peut-on se souvenir et souffrir de ce qui n’a jamais été ? Comment peut-on conserver « la mémoire insue d’un passé non vécu » ? Comment le psychisme circule à travers le temps ? La clinique du généalogique, de la communication des inconscients et des transmissions psychiques inconscientes nous confronte à la problématique du passage et des modalités selon lesquelles s’effectuent ces transferts, ces conservations et ces retours dans la suite successive des générations. Mais ici la question du comment est subordonnée à une question plus fondamentale relative à ce qui en constitue, en amont, les conditions de possibilité et puisse rendre raison de survivances dans le psychisme de ce qui défie le temps, met à mal nos façons intuitives de penser la chronologie, la diachronie et la causalité. Sans doute faut-il donner tout son sens et son étendue à l’assertion freudienne selon laquelle l’Inconscient ne connaît pas le temps et que de ce fait les processus du système inconscient sont intemporels. Ce point de vue, qui en vient à opposer la « réalité psychique » à la réalité évènementielle, ne saurait se confondre avec la réalité subjective ou imaginaire à laquelle on prétend réduire la cause de l’angoisse et des symptômes, mais bien plutôt à un réel primitif qui appartient à la mémoire de l’espèce dont celle-ci garde l’empreinte. Cette irréalité du temps est pensable dans le nouvel esprit scientifique avec lequel naît la psychanalyse et accrédité par ce qu’enseigne la physique qui en est issue et les présupposés métaphysiques qui en sont les implicites fondements.