Les théories du complot et le paradoxe de l’individualisme épistémique

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2019

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Jean-Baptiste Guillon, « Les théories du complot et le paradoxe de l’individualisme épistémique », Diogène, ID : 10670/1.s5b1mb


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Cet article tente d’établir un diagnostic épistémologique du phénomène contemporain de développement des théories complotistes. Il part de la critique de deux approches du phénomène. L’approche « hyper-critique » consiste à dire que le développement du complotisme manifeste un manque « d’esprit critique », et prescrit donc comme thérapie d’enseigner aux élèves à ne rien croire sans l’avoir vérifié soi-même. Je réponds que cette stratégie « individualiste épistémique » est inefficace voire contre-productive, car une étude des discours conspirationnistes révèle que le conspirationnisme se nourrit précisément d’une rhétorique individualiste. La seconde approche que je rejette consiste à nier l’existence de tout phénomène problématique de « théories du complot ». Cette approche s’appuie essentiellement sur la difficulté qu’il y a à définir précisément ce qu’est l’état d’esprit conspirationniste. Je réponds en définissant le conspirationnisme comme une exacerbation de l’individualisme épistémique, c’est-à-dire l’incapacité à distinguer les sources testimoniales fiables des sources testimoniales non fiables.

This paper is a contribution to the litterature on the epistemology of conspiracy theories. I discuss and tackle two approaches to the phenomenon, namely the "hyper-critical" approach and the "no problem" approach. The "hyper-critical" approach says that the development of conspiracy thinking is due to a lack of "critical thinking" and, as a therapy, this approach proposes to teach pupils to trust noone and verify every bit of information. I respond that this strategy of "epistemic individualism" is inefficient and even counter-productive, because a careful study of conspiracy talk reveals that conspiracists have exactly this same individualistic epistemology. The "no problem" approach denies that there is any such problematic phenomenon as "conspiracy theories". It relies on the difficulty to define exactly what counts as a conspiracy theory and to argue why it is (as such) epistemically problematic. I respond by providing a definition of conspiracy thinking as an overdevelopment of epistemic individualism, i.e. as the unability to distinguish between trustworthy and untrustworthy testimonial sources.

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