2012
Cairn
Thierry Eggerickx et al., « La mortalité des jeunes enfants de moins d'un an en Belgique, de 1840 à 1925. Une approche spatiale », Annales de démographie historique, ID : 10670/1.s5pmoe
L’objectif de cet article est d’analyser l’évolution, de 1840 à 1925, des disparités spatiales de la mortalité au cours de la première année de vie en Belgique.La mortalité infantile en Belgique maintient le même schéma spatial de 1840 à la Première Guerre mondiale. Pour tous les âges en deçà d’un an, dans les villes comme dans les campagnes, il y a un fossé grandissant, au xixe siècle, entre la surmortalité des Flandres (partie nord de la Belgique) et la sous-mortalité de la Wallonie (partie sud de la Belgique). La dualité régionale entre le nord et le sud du pays s’intensifiera encore au début du xxe siècle, paradoxalement dans un contexte de convergence des niveaux de mortalité infantile.C’est entre 2 et 6 mois que les différences spatiales de mortalité infantile sont les plus élevées, mettant ainsi en évidence des pratiques différentes quant au mode et au type d’alimentation des nourrissons. Ceux-ci ne résultent pas seulement des pratiques coutumières, mais également de contraintes imposées par le développement industriel et plus globalement par les conditions de vie.La dualité régionale se marque dans le timing et le rythme de l’évolution de la mortalité infantile. Ainsi, si en moyenne, la baisse décisive de la mortalité infantile intervient vers 1900, ce mouvement a été anticipé par la plupart des arrondissements wallons ainsi que par les arrondissements les plus urbanisés du nord du pays. Dans la plupart des arrondissements flamands, le décrochage intervient entre 1900 et 1910 et pour certains plus tard, autour de la Première Guerre mondiale. D’une manière générale, tant au xixe siècle qu’au début du xxe siècle, le nord du pays présente davantage d’hétérogénéité que le sud.Les différences de mortalité infantile entre les communes urbaines et les communes rurales, se sont accrues tout au long du xixe siècle. Les débuts désordonnés de l’urbanisation des futurs centres industriels eurent un impact négatif sur les conditions de survie des nourrissons. D’ailleurs, l’augmentation de la mortalité infantile au cours de la période 1840-1860 serait essentiellement un phénomène urbain. Ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale, que les différences entre les milieux urbains et ruraux et entre les villes elles-mêmes se sont atténuées, grâce notamment à une réduction sensible de la mortalité entre 6 et 12 mois.