2017
Cairn
Béatrix Pau, « Le ballet des morts », Inflexions, ID : 10670/1.sgkz5a
Répondant au désir d’un grand nombre de familles endeuillées par la Grande Guerre, la République française, par la loi du 31 juillet 1920, démobilisa les militaires et marins morts pour la France. Cette mesure exceptionnelle, démocratique et généreuse marque avant tout le poids des morts sur les vivants. L’entreprise, ambitieuse, demanda une organisation rigoureuse dont l’État était le maître d’œuvre. Dans les années 1920, des milliers de cercueils parcoururent donc le territoire national, métropole et colonies, avant de trouver leur dernière demeure. Les dépouilles des valeureux poilus furent exhumées, identifiées, mises en bière et acheminées dans leur village natal pour y être honorées avec faste par leurs proches et l’ensemble de la communauté en deuil. Hommages suprêmes de la nation, mais aussi et surtout de la commune à ses enfants, les cérémonies de ré-inhumation supprimèrent pour un temps les querelles et marquèrent l’unité politique, religieuse et sociale. Mais un siècle plus tard, que reste-t-il dans la mémoire collective de ces trois cent mille corps restitués ?