Perception et sémiose du malvenu. Retracer l’excommunication d’un participant dans une assemblée publique

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2021

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Mathieu Berger, « Perception et sémiose du malvenu. Retracer l’excommunication d’un participant dans une assemblée publique », Les Politiques Sociales, ID : 10670/1.sn8zmi


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Les travaux en sciences sociales et politiques relatifs à la disqualification de certains participants dans des processus de démocratie participative ne manquent pas. La plupart d’entre eux traitent de la question en se focalisant sur les actes de discours ratés, malheureux, par lesquels les participants considérés apparaissent publiquement inaptes à la discussion, délibération, consultation, etc. Lorsqu’elles s’inquiètent de difficultés pouvant précéder la prise de parole, pointant la reconnaissance antédiscursive de l’énonciateur comme condition de félicité primordiale pour l’énonciation, ces recherches limitent souvent l’examen empirique à quelques critères catégoriels (genre, couleur de peau, signes culturels ou religieux, marqueurs de classe), et associent donc les processus d’exclusion à des types de participants. Dans ce texte, en revenant sur un exemple flagrant d’infélicité issu d’une ethnographie d’assemblées civiques en Californie, l’auteur retrouve les signes spécifiques et retrace les processus perceptifs et sémiotiques non verbaux à travers lesquels, en amont de la prise de parole, le caractère malvenu de la participation d’un individu “se pressent”, “se devine”, puis “se découvre” dans une séquence de microévénements générant un trouble croissant. Dans une perspective pragmatiste, l’indésirable y est redéfini dans les termes du malvenu, l’exclusion du participant — que l’auteur nomme ici excommunication — s’accomplissant pas à pas au fil d’une venue malencontreuse à la communauté communicante.

There is no shortage of works in social and political sciences on the disqualification of certain participants in participatory democracy processes. Most of these works deal with the issue by focusing on the failed, infelicitous speech acts through which a citizen speaker appears publicly unqualified for discussion, deliberation, consultation, etc. When addressing issues that may arise prior to speaking, pointing to the pre-discursive recognition of the speaker as a primary felicity condition for her speech act, these researches often limit empirical examination to a few category-based criteria (gender, skin color, cultural or religious signs, class markers), and thus associate exclusion processes to certain types of participants. In this article, by revisiting a flagrant example of infelicity taken from an ethnography of civic assemblies in California, the author traces the specific signs and the non-verbal perceptive and semiotic processes through which, before having uttered a single word, the unwelcome aspect of an individual’s participation is “sensed”, “guessed”, then “discovered” in a sequence of micro-events generating a growing disturbance. In a pragmatist perspective, the undesirable is redefined as the unwelcome, the exclusion — which the author calls here excommunication — of the participant accomplishing itself gradually, in the course of an unfortunate introduction into the communicating community.

No faltan trabajos en ciencias sociales y políticas que abordan la desautorización de ciertos participantes en los procesos de democracia participativa. La mayoría de ellos abordan la cuestión centrándose en actos discursivos fallidos y desafortunados, a través de los cuales ciertos hablantes aparecen públicamente como no aptos para la discusión, la deliberación, la consulta, etc. Cuando se abordan las dificultades que pueden preceder al hecho de tomar la palabra, señalando el reconocimiento prediscursivo del enunciador como condición previa para el acto discursivo, estas investigaciones se suelen limitar el examen empírico de algunas pocas categorías (género, color de piel, signos culturales o religiosos, marcas de clase), y, por tanto, los procesos de exclusión son asociados a ciertos tipos de participantes. En este artículo, retomando un ejemplo flagrante de infortunio extraído de una etnografía de asambleas cívicas en California, el autor identifica los signos específicos y rastrea los procesos semióticos y perceptivos - no verbales a través de los cuales, antes del proceso de toma de la palabra, la naturaleza no deseada de la participación de un individuo se “intuye”, se “adivina” y luego se “descubre” en una secuencia de microeventos que generan un desorden creciente. Desde una perspectiva pragmática, lo indeseable se redefine en términos de lo inoportuno, y la exclusión del participante -que el autor denomina excomunión- se logra paso a paso a través de una llegada desafortunada a la comunidad de comunicadores.

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