2015
Cairn
Philippe Perrot, « La parole philosophique et « les jardins de l’écriture » », L’Enseignement philosophique, ID : 10670/1.sr1bli
On connaît la remise en cause de l’écriture par Platon. Dans le Phèdre, celui-ci soutient que le texte écrit est à la fois exposé à tous et sans défense, qu’il répète toujours la même chose et ne peut pas se justifier sans l’intervention de son père. Il reste que cette critique ne parvient pas à nous convaincre. Si les questions philosophiques ne peuvent pas être débattues dans n’importe quel cadre et avec n’importe quel interlocuteur, c’est parce qu’elles ne rentrent pas dans l’économie des conversations habituelles qui relèvent de l’instinct de communication plus que de la parole proprement dite. Socrate prend à partie celui avec qui il parle ; il lui demande de rompre avec les intérêts de sa vie immédiate. Il ne s’agit pas seulement de progresser vers la vérité, mais d’apprendre à vivre dans la lumière de la vérité. Mais si la parole philosophique exige une préparation, un état d’esprit et une certaine retenue, il n’est pas certain qu’en vue de la promouvoir le dialogue soit plus approprié que l’écriture. C’est ce que nous nous efforçons de montrer ici.