2020
Cairn
Daniela P. Taormina, « Les sensations ne résultent pas d’une impression dans l’âme. Une difficulté textuelle chez Plotin, Sur la sensation et la mémoire (Enn. IV 6 [41] 1, 19-21) », Revue de philologie, de littérature et d'histoire anciennes, ID : 10670/1.t0ibsr
En Ennéade IV 6 (41), Plotin se propose de montrer que la sensation et la mémoire sont essentiellement actives et constituent « une espèce de force ». La nouveauté de cette thèse est rehaussée par le contraste avec le modèle traditionnel qui assimile l’âme à un support d’écriture. Contre ce modèle, Plotin affirme que les sensations ne résultent pas d’une empreinte dans l’âme et que, par conséquent, les souvenirs qui en dérivent ne sont pas non plus des rétentions d’empreintes, car il n’y a pas d’empreintes qui se seraient formées auparavant (1, 1-5). Cependant la cohérence de cette thèse dépend d’un passage du chapitre 1, lignes 19-21, dont le texte le mieux attesté dans la tradition manuscrite semble corrompu. Tous les éditeurs de Plotin, ainsi que ses traducteurs, se sont confrontés à cette difficulté. On propose ici de revenir au texte établi par Henry et Schwyzer dans leur editio maior (Paris-Bruxelles 1959) : …οὐδέ τῳ σϕραγῖδα λαµβανούσης, ὥσπερ ἐν κηρῷ δακτυλίου βλεπούσης. Cette correction est la plus plausible du point de vue paléographique et la meilleure quant au sens. On écarte ainsi l’autre texte publié ultérieurement par Henry et Schwyzer dans leur editio minor (Oxford 1977), qui implique une incohérence dans la théorie plotinienne de la sensation et de la mémoire.