2008
Cairn
Pierre Milza, « Le totalitarisme fasciste, illusion ou expérience interrompue ? », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, ID : 10670/1.t1yx3j
L’auteur s’interroge, en écho à l’article d’Emilio Gentile, sur les raisons qui font que la notion de totalitarisme, appliquée au fascisme italien, a rencontré moins de détracteurs parmi les historiens français que dans les rangs de leurs collègues transalpins. En France, le refus de relier le phénomène totalitaire à la dictature nationaliste instaurée par Mussolini, ne serait-ce que parce que l’on considère le concept de totalitarisme comme trop fluctuant et idéologiquement marqué, relève essentiellement d’une interprétation marxiste ou apparentée, immanquablement fondée sur le principe de la lutte des classes comme moteur principal, sinon exclusif, de l’histoire. En Italie, et jusqu’à une date récente, les adversaires de la thèse totalitaire ont, eux, formé une coalition réunissant historiens de droite et historiens de gauche, ex-fascistes et antifascistes, marxistes et libéraux, unanimes (ou presque) à considérer le fascisme comme une « nullité historique » et à considérer ceux qui professaient une opinion contraire comme faisant l’apologie du régime mussolinien.