17 juin 2019
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Laetitia Togores, « Incarnations de la rébellion : mon(s)trer l’humain dans Saint Joan de Shaw et Salomé de Wilde », Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.t7e617
Salomé et Jeanne d’Arc sont deux figures qui ont fini par devenir des mythes du XIXe ou XXe siècle de par leur faculté à être utilisées dans des buts différents par chaque artiste qui s’y est intéressé. Éternellement adaptables, elles ont été représentées tour à tour de manière positive et négative, et ont servi plusieurs fois d’icônes pour des mouvements idéologiques, artistiques ou politiques. Oscar Wilde, auteur décadent de la fin-de-siècle victorienne, s’est emparé de l’image de la princesse pour sa pièce de 1893, Salomé. Georges Bernard Shaw, dramaturge qui lui était contemporain mais a connu sa période de gloire au début du XXe siècle, a choisi pour sa part de manipuler l’image de Jeanne d’Arc pour sa pièce de 1923, Saint Joan.L’objectif de ce mémoire est d’étudier ces deux figures féminines dans les pièces de manière à discerner les raisons pour lesquelles elles ont été élues par les dramaturges. Pour ce faire, nous comparons l’une et l’autre, mais également la manière dont elles sont représentées dans les oeuvres et l’image populaire qu’elles possédaient à l’époque des auteurs. Ainsi, nous constatons quels messages Wilde et Shaw veulent faire passer à travers elles, et surtout comment elles deviennent sous leurs plumes des incarnations de la rébellion qu’ils chérissent.En étudiant d’abord l’aspect religieux et mythique des pièces et de leurs personnages, il est possible de discerner une dichotomie entre l’esprit et le corps dans les deux oeuvres, et de comprendre alors que ce corps, exclusivement féminin, est mis en scène tout en étant rendu menaçant, au même titre que les personnages spirituels sont à la fois détachés du réel et trop visibles. Ainsi « monstrées », les héroïnes deviennent des incarnations des idéaux rebelles des dramaturges, qui n’hésitent pas pour autant à les mettre à mort sous le feu des projecteurs pour critiquer une dernière fois leur société.