2017
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Jean-Luc Chevillard, « How Tamil was described once again: towards an XML-Encoding of the Grammatici Tamulici », Histoire Épistémologie Langage, ID : 10.1051/hel/2017390206
Bien que la langue tamoule possède une longue tradition de description «grammaticale » , qui remonte à la première moitié du premier millénaire de notre ère, avec une acception large de «grammatical » , qui inclut la poétique et la métrique, dans un champ où sont présentes la phonétique, la morphologie et la syntaxe, cette langue a été décrite, à nouveaux frais, et dans une nouvelle perspective (qui incluait l’enseignement de la langue courante), à partir du XVI e siècle, par des missionnaires chrétiens, qui apportaient avec eux un modèle latin de description grammaticale, qu’ils tentaient d’adapter, de façon créative, à une réalité linguistique qui était pour eux nouvelle. Pour cette raison, il sera ici fait référence au corpus de leurs productions comme étant celui des Grammatici Tamulici, bien que les premiers d’entre eux aient utilisé le Portugais comme métalangue pour décrire le tamoul. Ne se trouvant pas dans la situation de certains linguistes de terrain, confrontés à une langue qui n’a jamais été écrite, ces missionnaires se rendirent progressivement compte du fait que le syllabaire tamoul était un outil beaucoup plus efficace pour noter les sons et les mots tamouls que l’alphabet latin, même enrichi par les extensions développées pour la notation de langues européennes diverses. Ils découvrirent aussi que leur capacité de convaincre et de convertir dépendait en grande partie de leur adoption des hiérarchies langagières qui gouvernaient (et gouvernent toujours) la diglossie tamoule, comme nous le verrons dans cette exploration préliminaire, qui couvre cinq auteurs, actifs pendant une période qui va jusqu’à 1739.