Socio-environmental trajectories of torrential alluvial fans in the Maurienne valley since the end of the Little Ice Age Trajectoires socio-environnementales des cônes de déjection torrentiels en vallée de Maurienne depuis la fin du Petit Âge Glaciaire En Fr

Abstract En Fr

The valley bottoms are tremendous spaces for studying environmental and social changes since the end of the Little Ice Age. The case of the Maurienne valley in the Northern Alps is paradigmatic. Human pressure is very contrasting. There is an uneven concentration of settlement, an extension of large transport infrastructures along the thalweg of the Lower Arc and the artificialization of watercourses. The alluvial fans stand out in this landscape heavily anthropized by the concentration of human issues. The historical evolution of the settlement on cones raises questions about the factors of change at the origin of the profound transformation of landscapes in the Maurienne valley. The main historical milestones behind these questions are the torrential crisis of the end of the Little Ice Age and the post-1950 torrential extinction. The objective of this thesis work is to restore the socio-environmental trajectories of torrential landscapes by a geohistorical approach. This work focuses on four debris cones selected according to distinctive landscape features (afforestation, urbanization, road infrastructure, and business park, agriculture).The comparative study of environmental and landscape changes requires a double level of reading. Thefirst level enables to study of historical evolutions of the environment on the scale of torrential watersheds and the valley by reading written sources. It targets human activities, settlement dynamics, and torrential activity since the first third of the 18th century. This first level shows a reduction in damaging floods at the beginning of the 20th century in connection with the torrential correction works of the Mountain Lands Restoration. The resurgence of strategic stakes impacted by the floods between 1940 and the late 1990s highlights the increase in human pressure near the torrential banks. The second level of reading concerns the study of landscape trajectories by the diachronic comparison of iconographic sources. The exploration of the archives has made it possible to collect a corpus of cadastres and old maps. The most exploratory part of this research is the identification and interpretation of old photographs by implementing a participatory collection approach. The objective of interpreting these geohistorical data in a Historical GIS is to quantify land use and torrential influence. The result of the quantification is presented by landscape models (transects, transition diagrams, etc.). This second level of reading leads to the proposal of a summary diagram.This model illustrates the different trends that make up the landscape trajectories of debris cones. These models highlight five to six major historical periods. Our results show a landscape crisis at the end of the PAG (around 1800-1890). It ended in the second half of the 19th century with a major torrential crisis. This crisis is not characterized by a transformation of landscapes into a valley. This transformation is only identified at the turning points of the years 1900-1930 and 1940-1980. The first turning point originated in the decline of pastoralism, the modernization of agriculture, and the industrialization of an essentially rural population. The first signs of declining agricultural activity on the cones are manifested by the abandonment of plots of crops near the torrential banks. The second landscape turning point was caused by the agricultural decline and the industrial crisis, with the 1960s as a transition point. The development of major road and hydroelectric equipment following this second turning point requires the strengthening of the protection devices on the cones. This second turning point does not imply a lasting transformation of the landscapes. On the contrary, the interventions of the inhabitants on the wasteland to revalue agricultural land seem to draw a singular trend.

Les fonds de vallées sont des espaces inédits pour étudier les changements environnementaux et sociaux depuis la fin du Petit Âge Glaciaire. Le cas de la vallée de Maurienne dans les Alpes du Nord est exemplaire. La pression humaine est très contrastée. On observe une concentration inégale du peuplement, une extension des grandes infrastructures de transport le long du thalweg de l’Arc inférieur et l’artificialisation des cours d’eau. Les cônes de déjection torrentiels se distinguent dans ce paysage fortement anthropisé par la concentration des enjeux humains. L’évolution historique du peuplement sur les cônes soulève des questionnements sur les facteurs de changements à l’origine de la transformation profonde des paysages en vallée de Maurienne. Les principaux jalons historiques à l’origine de ces questionnements sont la crise torrentielle de la fin du Petit Âge Glaciaire et l’atténuation de l’activité torrentielle post-1950. L’objectif de ce travail de thèse est de restituer les trajectoires socio-environnementales des cônes de déjection torrentiels par une approche géohistorique. Ce travail se focalise sur quatre cônes de déjection sélectionnés d’après des caractères paysagers distinctifs (boisement, urbanisation, infrastructure routière, agriculture).L’étude comparée des changements environnementaux et paysagers impose un double niveau de lecture. Le premier niveau permet d’étudier les évolutions historiques de l’environnement à l’échelle des bassins versants torrentiels et de la vallée par une lecture des sources écrites. Il cible en particulier les activités humaines, les dynamiques de peuplement et l’activité torrentielle depuis le premier tiers du 18ème siècle. Ce premier niveau montre une diminution des crues dommageables au début du 20ème siècle en lien avec les travaux de correction torrentielle de la Restauration des Terrains de Montagne. La recrudescence des enjeux impactés par les crues entre 1940 et la fin des années 1990 met en relief l’accroissement de la pression humaine à proximité des berges torrentielles. Le second niveau de lecture concerne l’étude des trajectoires paysagères par la comparaison diachronique des sources iconographiques. L’exploration des fonds d’archives a permis de rassembler un corpus de cadastres et de cartes anciennes. L’identification et l’interprétation de photographies anciennes par la mise en place d’une démarche participante de collecte constituent la part la plus exploratoire de cette recherche. L’interprétation de ces données géohistoriques dans un SIG-Historique a pour objectif la quantification de l’occupation des sols et de l’emprise torrentielle. Le résultat de la quantification est présenté par des modèles paysagers (transects, diagrammes de transition, etc..). Ce second niveau de lecture aboutit à la proposition d’un diagramme de synthèse.Ce modèle illustre les différentes tendances qui composent les trajectoires paysagères des cônes de déjection. Ces modèles mettent en évidence cinq à six périodes historiques majeures. Nos résultats montrent une crise paysagère à la fin du PAG (env. 1800-1890). Elle s’achève lors de la seconde moitié du 19ème siècle par une crise torrentielle majeure. Cette crise n’est pas caractérisée par une transformation des paysages en vallée. Cette transformation n’est identifiée qu’aux tournants des années 1900-1930 et 1940-1980. Le premier tournant a pour origine le déclin du pastoralisme, la modernisation de l’agriculture et l’industrialisation d’une population essentiellement rurale. Les premiers signes de déclins de l’activité agricole sur les cônes se manifestent par l’abandon des parcelles de cultures à proximité des berges torrentielles. Le second tournant paysager a pour facteurs la déprise agricole et la crise industrielle. Le développement des grands équipements routiers, hydroélectriques à la suite de ce second tournant nécessite un renforcement des dispositifs de protection sur les cônes. Ce second tournant n’implique pas une transformation durable des paysages. Au contraire, les interventions des habitants sur les friches en vue d’une revalorisation du foncier agricole semblent dessiner une tendance singulière.