2008
Cairn
Pierre Jacquiot, « Mémoire collective du nazisme et engagement écologiste en ex-rfa », Nouvelle revue de psychosociologie, ID : 10670/1.ttv5ue
Des psychanalystes, historiens, sociologues ont voulu voir en la mémoire ouest-allemande du nazisme un trauma collectif à l’origine de certains phénomènes sociaux. Dernier avatar : l’écologisme. Afin de se différencier de leurs parents jugés irresponsables parce que passifs face aux exactions du régime nazi, nombre d’Ouest-Allemands auraient voulu défendre l’environnement, désormais symbole du respect de la vie de l’humanité : ainsi auraient-ils cherché à se déculpabiliser d’être attachés à ces parents. Pierre-Yves Gaudard appuie cette thèse à partir d’écrits biographiques d’auteurs relatant leurs rapports avec des parents ayant vécu adultes sous le IIIe Reich. Cet anthropologue a cependant négligé de mener des entretiens biographiques qui, plus spontanés que des écrits, auraient mieux répondu aux exigences de la méthodologie psychanalytique. Ainsi, nos entretiens auprès de militants écologistes révèlent que des propos censés témoigner d’un sentiment de culpabilité renvoient en fait à un ressentiment envers les parents indépendant du passé national. Le succès rencontré par l’écologisme en rfa doit chercher ses causes, non pas dans un psychologisme collectif, mais à l’aide d’une sociologie des organisations.