2 août 2020
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Isabelle Mauz et al., « Les systématiciens à l’épreuve du barcoding », Revue d’anthropologie des connaissances, ID : 10.3917/rac.019.0433
Dans un contexte qualifié de 6e crise d’extinction des espèces, les inventaires de la biodiversité ont acquis une valeur et une urgence inédites. Les scientifiques – qu’on appelle taxonomistes ou systématiciens – dont le métier consiste à explorer, inventorier et collecter les espèces vivantes se sont saisis de nouveaux outils pour accélérer et améliorer leur entreprise d’inventaire de la biodiversité. Depuis la parution en 2003 d’un article fondateur de Hebert et al., l’un d’eux occupe une place tout à fait centrale : le barcoding. Inventé et promu par une partie des systématiciens (les molécularistes), sa réussite exige la collaboration active des systématiciens qui fondent leur travail sur l’observation des caractères morphologiques (les morphologistes). En nous appuyant sur des enquêtes menées dans des terrains contrastés, nous analysons comment les molécularistes s’efforcent d’enrôler les morphologistes dans le barcoding. Nous montrons que les molécularistes ont une stratégie d’enrôlement plurielle, qui repose sur un ensemble de compétences pédagogiques, rhétoriques et sociales et leur permet de tenir compte de la grande diversité et singularité des morphologistes et des conditions d’exercice de leur pratique. Nous mettons également en évidence des facteurs qui favorisent cette stratégie d’enrôlement, comme la participation physique des molécularistes aux campagnes de collection et le soutien de morphologistes convertis au barcoding. Cet article entend ainsi contribuer à la connaissance et à l’analyse des pratiques d’enrôlement scientifique, restées relativement peu explorées.