2019
Cairn
Geneviève Morel, « Idéal féminin et tendances suicidaires chez une jeune révolutionnaire américaine : le cas de Susan Stern Sham », Savoirs et clinique, ID : 10670/1.tzl19i
Pour comprendre ce qui arrive à certains jeunes d’aujourd’hui, entraînés vers le terrorisme djihadiste, les mémoires de Susan Stern, une jeune femme membre des Weathermen, un mouvement révolutionnaire clandestin et terroriste du début des années 1970 aux usa, sont exemplaires, parce qu’ils mettent en évidence l’importance des idéaux dans l’extrémisme de la jeunesse.Cette jeune femme cherchait une solution à une faille existentielle grave, peut-être psychotique. Elle était en effet divisée entre ses pulsions, dont la violence était désapprouvée même par ses camarades révolutionnaires, et son idéal féminin. Elle espérait recouvrer, voire se fabriquer une identité en recouvrant cette division par une image idéale qui soit à la fois politique et féminine. Nous montrerons en quoi ce processus est mis à mal par son refus d’obéir au leadership qui a conduit à son exclusion des Weathermen, répétant un abandon de son enfance qui avait eu des conséquences suicidaires.Son cas, qui évoque la mélancolie, enseigne que l’idéologie n’est pas toute-puissante et que l’individu qui s’y soumet l’accepte activement : il est donc possible d’y résister. Enfin, il permet d’interroger de près la question brûlante de ce qui est visé par la violence extrémiste : mourir pour tuer, c’est-à-dire un suicide altruiste au sens de Durkheim, comme le suppose Robert Pape, ou tuer pour mourir, c’est-à-dire un suicide indirect ?