2010
Cairn
Rada Tirvassen, « Pourrait-on faire sans la langue et ses frontières ? : Etude de la gestion des ressources langagières à l'Ile Maurice », Cahiers de sociolinguistique, ID : 10670/1.ucb6sh
Si l’on est d’accord avec les sociolinguistes qui affirment que la notion de langue ne peut modéliser les productions langagières des locuteurs dans leurs interactions sociales, on ne peut également pas nier le fait que les fonctions que les langues assument dans les enjeux sociaux majeurs leur offrent ces frontières contestées. En nous appuyant sur une observation de certains aspects de la réalité sociolinguistique mauricienne, nous avons voulu montrer, dans cet article, le rôle que joue la langue créole dans la (dé)/(re)structuration de la société mauricienne. Le créole qui, pendant une courte période de l’histoire (sociolinguistique) mauricienne, a été perçue comme l’outil pouvant assurer l’unité de la nation mauricienne est, aujourd’hui, revendiqué comme l’instrument qui peut donner un fondement à l’émergence du groupe ethnique créole. Seule cette analyse sociolinguistique peut expliquer à la fois la demande sociale pour une langue dont les valeurs instrumentales demeurent limitées dans une société qui connaît une forte mobilité sociale et les pressions exercées sur l’Etat mauricien pour qu’elle soit standardisée.