La littérature numérique n’existe pas. La littérarité au prisme de l’imaginaire médiatique contemporain

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2020

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Servanne Monjour, « La littérature numérique n’existe pas. La littérarité au prisme de l’imaginaire médiatique contemporain », Communication & langages, ID : 10670/1.uik20n


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Cet article a pour objectif d’interroger le rapport entre littératie et littérarité numériques : quelles doivent être les compétences de l’écrivain sur le web ? En quoi ses qualifications strictement informatiques participent-elles de son autorité ? Notre hypothèse est que l’importance accordée à la dimension technique des œuvres numériques répond d’abord à un besoin de légitimation, et non à des critères de littérarité. Là où l’éditeur assumait autrefois un rôle de garant, ce sont aujourd’hui les compétences numériques de l’écrivain qui assurent la qualité littéraire d’une œuvre – au risque de la survaloriser ou au contraire de la sous-estimer. Ces compétences numériques sont en effet notamment évaluées en fonction des connotations symboliques associées à l’usage de certains outils et plateformes. Ces connotations deviennent d’autant plus importantes à l’heure où les GAFAM semblent imposer un nouveau monopole éditorial, fondé sur des outils et des plateformes ne requérant que des compétences informatiques minimales. Massivement investis par les écrivains, ces nouveaux dispositifs éditoriaux (CMS, réseaux sociaux) permettent l’émergence d’une génération qui est loin de partager la même littératie numérique que celle qui l’a précédée. Aurions-nous alors affaire à une génération d’écrivains « analphabètes » ? On démontrera plutôt l’existence d’un déplacement du sens même de nos « compétences numériques », qui désormais ne se fondent plus seulement sur un savoir technique, mais aussi sur une culture numérique.

The aim of this article is to question the relationship between computational literacy and aesthetic value of digital literature: which skills are expected from a writer who publishes online? In what way his or her computing skills contribute to his or her authority? My hypothesis is that the importance given to the technical dimension of digital works responds first of all to a need for legitimization, and not to aesthetic criteria. Whereas the printed publisher used to assume a legitimizing function, nowadays it is the writer’s digital skills that ensure the literary quality of a work — at the risk of overvaluing or undervaluing it. Indeed, these digital skills depend upon the symbolic connotations associated with the use of certain tools and platforms. These connotations become all the more important since the GAFAM seem to be imposing a new editorial monopoly, based on tools and platforms requiring only minimal computing skills. Massively invested by writers these new editorial devices (CMS, social networks) allow the emergence of a generation that is far from sharing the same digital literacy as the one that preceded it. Would we then be dealing with a generation of “illiterate” writers? On the contrary, I will demonstrate the existence of a shift in the very meaning of our “digital skills,” which are no longer based solely on technical knowledge, but also on digital literacy.

El presente artículo busca cuestionar la relación entre alfabetización y literariedad digitales: ¿cuáles deben ser las competencias del escritor en la red? ¿De qué manera contribuyen sus cualidades estrictamente informáticas a su autoridad? Nuestra hipótesis plantea que la importancia que se le otorga a la dimensión técnica de las obras obedece a una necesidad de legitimación y no a criterios de literariedad. Mientras que el editor asumía otrora el papel de garante, hoy en día las competencias digitales del escritor aseguran la calidad literaria de una obra —con el riesgo de sobrevalorarla o subestimarla. Dichas competencias digitales son evaluadas en función de connotaciones simbólicas asociadas al uso de ciertas herramientas o plataformas. Connotaciones aún más importantes ante las tentativas de los GAFAM que buscan imponer un monopolio editorial basado en herramientas o plataformas con requerimientos técnicos mínimos. El uso masivo de nuevos dispositivos editoriales (CMS, redes sociales) por parte de los escritores favorece el auge de una generación cuya definición de la alfabetización digital difiere de la de sus antecesores. ¿Estaríamos acaso ante una generación de escritores “analfabetas”? Por el contrario, cabe observar un desplazamiento dentro de las “competencias digitales” que ya no implican simplemente un saber técnico sino también una cultura digital.

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