De bons vagabonds pour l’État : L’extension ambivalente de l’aide sociale à l’hébergement (1959)

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2020

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vagabonds aide sociale réforme socio-histoire ambivalence années 1950 vagrants social assistance reform historical sociology ambivalence 1950s


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Mauricio Aranda, « De bons vagabonds pour l’État : L’extension ambivalente de l’aide sociale à l’hébergement (1959) », Politix, ID : 10670/1.uon0g2


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Les délits de vagabondage et de mendicité du Code napoléonien de 1810 restent inscrits dans le droit jusqu’en 1994. Or l’aide sociale à l’hébergement est ouverte aux « vagabonds estimés aptes à un reclassement » dès 1959. Les intéressés peuvent désormais être hébergés durant six mois renouvelables dans des centres d’hébergement et de reclassement par le travail, gérés par des associations et agréés par l’État et les collectivités locales. Ayant lieu dans un contexte d’élargissement de l’État social via l’assistance, cette révision législative est d’autant plus marquante qu’au même moment se produit une chute drastique et continuelle du nombre de condamnations de vagabonds et de mendiants. Nourri d’une enquête archivistique, cet article porte sur la manière dont le vagabondage est problématisé dès le milieu des années 1950, au croisement de plusieurs espaces sociaux (politique, administratif, associatif et judiciaire), et requalifié légalement en objet d’action sociale le 7 janvier 1959. Il montre que le déplacement conséquent du problème d’une conception pénale à une conception sociale se réalise au prix d’un compromis sur la dimension discrétionnaire de l’aide sociale. Ainsi, l’article donne à réfléchir plus largement sur les mécanismes par lesquels l’État redessine la séparation séculaire entre bons et mauvais pauvres dans les politiques sociales contemporaines.

Good vagrants for the stateIn France, vagrancy and begging were still considered crimes until 1994, according to the Napoleonic Code of 1810. However, from 1959, social housing assistance was available to vagrants thought to be able to reintegrate into society. Those concerned could be housed on a 6-month renewable basis in shelters managed by associations and certified by the state and by local communities. Despite the development of the welfare state by way of social assistance, this legislative revision is noteworthy since it occurred at the same time as a drastic and continuous fall in the number of convicted vagrants and beggars. This article, supported by archives, focuses on the way vagrancy was defined as a public problem from the mid-1950s. This definition was built up by many social spheres (political, administrative, associative, and judicial) and was finally legally related to social assistance on January 7, 1959. It shows that the major change from a penal to a social conception of vagrancy could only be achieved with the inclusion of a discretionary dimension to social welfare. Thus, this article highlights the mechanisms used by the state in order to reconceive the secular distinction between good and bad poor people in contemporary social policy.

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