2019
Ce document est lié à :
Geoscience Canada : Journal of the Geological Association of Canada ; vol. 46 no. 2 (2019)
All Rights Reserved ©, 2019The Geological Association of Canada
Jeffrey C. Pollock, « Great Mining Camps of Canada 6. Geology and History of the Wabana Iron Mines, Bell Island, Newfoundland », Geoscience Canada: Journal of the Geological Association of Canada / Geoscience Canada: Journal de l’Association Géologique du Canada, ID : 10.12789/geocanj.2019.46.148
Les mines de fer de Wabana ont été en activité de 1895 à 1966, période durant laquelle elles ont produit plus de 80 millions de tonnes de minerai de fer. Elles renferment des roches de l’Ordovicien inférieur contenant des roches ferrugineuses stratiformes de type Clinton. La minéralisation est caractérisée par des couches de grès oolitiques, de silts et d'argiles couleur rouge foncé à rouge violacé à brun rougeâtre, fossilifères et riches en hématite. Trois gisements de roches ferrugineuses ont une importance économique: la couche inférieure (Formation Dominion), la couche intermédiaire (Formation Scotia), et la couche supérieure (Formation Gull Island), la couche inférieure s’étendant sur 3,8 km sous la baie de la Conception. La teneur en fer de toutes les couches varie de 45 à 61% avec une concentration en silice de 6 à 20%. La présence de fer sur l’île Bell a été signalée depuis au moins 1578, lorsqu’un commerçant de Bristol a rapporté avoir récupéré des échantillons de minerai pour les expédier en Angleterre. Toutefois, les gisements sont restés inexploités pendant plus de trois siècles jusqu’à leur redécouverte par des pêcheurs locaux à la fin des années 1880. En 1895, la Nova Scotia Steel & Coal Company acquit le bail minier pour les droits et le premier minerai fut produit à la surface de la mine numéro 1 située dans la couche Inférieure sur la côte nordouest de l’île. Au tournant du XXe siècle, la Dominion Iron et la Steel Company Limited acquit une part des droits de l’île Bell. Les réserves de surface étant épuisées, les deux sociétés prirent la décision de procéder à des travaux souterrains et de développer des mines sous-marines. Au cours des cinq décennies qui ont suivies, plusieurs propriétaires ont exploité les mines à un rythme soutenu et parfois en expansion, avec des reculs périodiques à la suite des deux guerres mondiales et de la Grande Dépression. L’augmentation de la demande de fer dans le monde après la Seconde Guerre mondiale s’est traduite par une pleine production des mines et une exportation de plus de 1,5 million de tonnes de minerai par an. En 1950, la mine numéro 2, non rentable, a été fermée et une série d’importants projets d’expansion ont été lancés dans le but de doubler la production annuelle à 3 millions de tonnes. Dans les années 1960, les mines de Wabana ont dû faire face à une concurrence accrue des producteurs étrangers, qui ont inondé le marché mondial du fer avec du minerai de haute qualité provenant de gisements à ciel ouvert à faible coût. La dernière mine de Wabana a cessé ses activités en 1966 parce que la teneur élevée en phosphore du minerai était incompatible avec la technologie de fabrication de l’acier la plus récente et que le marché du minerai de Wabana avait pratiquement disparu. Plus de 35 millions de tonnes de minerai ont été exportées au Canada (Nouvelle-Écosse) alors que le reste était expédié au Royaume-Uni et en Allemagne. Au moment de leur fermeture, les mines de Wabana étaient les plus anciennes mines en production du pays. La production annuelle a atteint un sommet en 1960 lorsque plus de 2,8 millions de tonnes de minerai concentré ont été expédiées. D’énormes réserves potentielles de plusieurs milliards de tonnes, contenant 50% de fer, restent en place sous la baie de Conception, mais le coût élevé de l’exploitation minière sous-marine et l’absence de marché pour le minerai non Bessemer constituent des obstacles à tout futur redéveloppement.