Hors du livre, avant le livre

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10 avril 2020

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Claire Gantet, « Hors du livre, avant le livre », Revue d’anthropologie des connaissances, ID : 10.3917/rac.025.0759


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Bien que fondée sur l’imprimé, la culture savante allemande des XVIIe et XVIIIe siècles, telle qu’elle se donne à lire dans son organe privilégié – les périodiques savants – eut un rapport très ouvert au livre. Loin du statut presque canonisé qu’il acquit dans l’érudition du XIXe siècle, le livre était fragmenté au gré de recensions – parfois rédigées sans consultation du livre premier –, disséminé dans une discussion liant lettrés, éditeurs et lecteurs, et objet d’une lecture entrecoupée, sautant d’un renvoi à un autre. Le traitement numérique du vaste corpus des périodiques savants via la base de données de l’Académie des Sciences et Lettres de Göttingen permet, au-delà de l’érudition livresque limitée à tel auteur ou tel titre, de sonder les modalités de la constitution et la distribution du savoir, de renouveler par là notre connaissance et notre approche de la culture savante de l’Aufklärung.

Although it was based on printed matter, the German learned culture of the 17th and 18th centuries, as it is manifested in its preferred instrument – scholarly journals – had open relationships with books. Unlike the status fast canonized they acquired in 19th century erudition, books were split up into book reviews – which could have been written without having read the initial work –, disseminated in discussions that bound scholars, editors and readers, and were objects of a broken reading that jumped through the work following the cross-references. Beyond book scholarship and its restriction to certain authors or certain titles, the digital processing of the huge corpus of scholarly journals conducted by the database of the Göttingen Academy of Sciences and Humanities allows to question the modalities of formation and distribution of knowledge, and to renew our knowledge of and our approach to the scholarly culture of the Enlightenment.

Aunque basada en lo impreso, la cultura intelectual alemana de los siglos XVII y XVIII, como se puede leer en su órgano privilegiado – los periódicos cultos – tuvo una relación muy abierta hacia el libro. Lejos del estatus casi canonizado que adquirió, en la erudición del siglo XIX, el libro estaba fragmentado a merced de las reseñas – a veces redactadas sin consultar el libro primero –, disperso en una discusión entre letrados, editores y lectores, y objeto de una lectura intercalada, saltando de una referencia a otra. El procesamiento digital de la gran masa de los periódicos cultos a través de la base de datos de la Academia de Ciencias y Humanidades de Goettingen permite, más allá de la erudición libresca limitada a un autor o un título, sondear las modalidades de la constitución y distribución del conocimiento, y por lo tanto renovar nuestro conocimiento y acercamiento a la cultura intelectual de la Ilustración (Aufklärung).

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