Les enjeux de masculinités en Turquie : une étude sur la masculinité politique conservatrice The Political Stakes of Masculinities in Turkey : a Study on Conservative Political Masculinity Fr En

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21 juin 2021

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Masculinité politique Populisme Conservatisme Islam Turquie Masculinité Political masculinity Populism Conservatism Islam Turkey Masculinity


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Ozan Soybakis, « Les enjeux de masculinités en Turquie : une étude sur la masculinité politique conservatrice », Theses.fr, ID : 10670/1.v46fea


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Étude généalogique d’une politisation islamo-conservatrice et populiste en Turquie, cette recherche s’intéresse aux façons dont l’archive d’émotions des hommes conservateurs contribuent à la construction d’une masculinité politique dépendant de nombreux régimes esthétiques et de modes d’identification. En mobilisant des discours quasi-identiques sur l’héroïsation de Recep Tayyip Erdoğan avec des idées ultra-nationalistes et islamistes, les hommes conservateurs semblent déterminer les nouvelles frontières genrées de « l’éthos turc ». La politisation de la masculinité sur l’exemple turc est strictement attachée à l’argument conservateur révélant de nombreuses confrontations historiques non seulement avec la création d’une nation moderne et séculière, débutant à la fin de l’Empire ottoman et se concrétisant avec la fondation de la république en 1923, mais également avec la trajectoire même de ce parcours national en défaveur des milieux islamo-conservateurs, se prolongeant jusqu’aujourd’hui. Cet argument consiste ainsi en une prise de distance avec le kémalisme, l’occidentalisation et l’Occident en qualifiant ces derniers « d’objets de haine ». Fruit des conflits historiques profonds et foyer des traumatismes politiques, « le corps populiste » se veut une occupation mémorielle et performative dans l’espace public sécularisé. Avec pour objectif de constituer une nouvelle identité nationale guidée par le principe du « national et religieux » (milli ve manevî), le président actuel prouve que le lien entre la politique et le genre dépasse les relations partisanes en incarnant « l’image de la nation ». Adossée à son identité, d’inspiration ottomane, familialiste, paternaliste et anti-genre, le régime personnalisé valorise la virilité comme arme défensive et ingrédient majeur de « l’éthos turc ». Au travers des manques de tolérance et de dialogue social envers d’autres catégories socio-culturelles critiques du régime, les hommes conservateurs contrastent leurs idéaux nationaux à l’aide des idéaux masculins inspirés d’un traditionalisme islamo-patriarcal. Pourtant, ce traditionalisme épouse manifestement le séculier dans un contexte néo-libéral dans lequel la société de consommation libère l’identité musulmane des isolements communautaires. En vue de stabiliser et de protéger la visibilité islamique et son historique gagnant depuis 2002, la masculinité politique conservatrice se missionne pour policer l’espace public cosmopolite en politisant la virilité à l’égard d’une multitude d’acteurs désignés dans les reflets du kémalisme. Aussi, cette thèse témoigne de l’écriture de l’histoire officielle de la nouvelle Turquie par le régime des masculinités et de la construction d’un nouveau rapport à la nation dans ce temps de populismes.

As a genealogical study on Islamic, conservative and populist politicization in Turkey, this research focuses on the ways in which the archive of emotions of conservative men contribute to the construction of a political masculinity that is dependent on multiple aesthetic regimes and modes of identification. By mobilizing quasi-identical discourses on the heroism of Recep Tayyip Erdoğan with ultra-nationalist and Islamist ideas, conservative men seem to determine the new gendered boundaries of the “Turkish ethos”. The politicization of masculinity in the Turkish case is strictly attached to the “conservative argument”, revealing many historical confrontations. These are not only related to the creation of a modern and secular nation, marked by the end of the Ottoman Empire and consecutive foundation of the republic in 1923, but also the very trajectory of this new nation is to the disadvantage of Islamic and conservative milieus extending to the present day. Thus, this “argument” is defined by distancing oneself from Kemalism, Westernization and the West by describing these elements as “objects of hate”. Seen as a (being a) result of profound historical conflicts and a site of political trauma, the populist body became a commemorative and performative occupation in the secularized public sphere. With the aim of building a new national identity guided by the principle of “national and religious” (milli ve manevî), the president Erdoğan proves that the connection between politics and gender is beyond partisan relations by embodying “the image of the nation” himself. Based on its Ottomanist, familiarist, paternalistic and anti-gender identity, the current personalized regime values virility as a defensive arm and a major ingredient of the “Turkish ethos”. Through the lack of tolerance and social dialogue towards other socio-cultural categories that are critical of the regime, conservative men contrast their national ideals with the masculine ideals that are inspired by a patriarchal Islamic traditionalism. Yet this traditionalism clearly espouses secularism in a neo-liberal context in which the commodity society liberates Muslim identity from communitarian isolations. In order to stabilize and protect the Islamic visibility and its historical gain since 2002, the conservative political masculinity is missioned to police the cosmopolitan public sphere through politicizing virility towards a multitude of actors identified in the reflections of Kemalism. Thus, this thesis tries to find out to what extent the official history of the new Turkey is written by means of regime of masculinities and the construction of a new relationship with the nation in the era of populisms.

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