Que signifie le terme de projet dans les nouvelles techniques de management ?

Résumé En Fr

Since the 1980s, the word "project" is used to refer to new practices in corporate management. This thesis develops a conceptual machinery that aims to clearly apprehend the concrete transformation implied by this change of discourse in management techniques. Managing, which still consisted in governing the gestures and rhythm of employees in the 1960s, has become (from the 1980s onward) the work of governing how possibilities projected by these same employees are accomplished. As such, the renewal of the profession has consisted in assisting the enactment of these projects, under the condition that they result in the creation of new "pockets" of activity from which profit can be made. This observation allows us to consider that, in this new capitalism, the becoming of the existing body and of the collective it insists in is indeed "set free", yet, at the same time and in all instances, this "freedom" must also submit to the profit imperative. Capitalist normativity therefore exerts itself at the level where possible futures are conceived. Thus, the emergence of the word "project" in these new management techniques means the translation of feasible futures into profitable futures, or a capitalist reduction of the horizons of possibility.

Depuis les années 1980, le terme de « projet » est utilisé pour caractériser la nouvelle pratique des cadres en entreprises. Ce mémoire élabore une machine conceptuelle par laquelle est rendue visible la transformation concrète impliquée par ce déplacement dans le discours des nouvelles techniques d’encadrement. Le métier de cadre, qui consistait encore dans les années 60 en un gouvernement des gestes et du rythme des salariés, est devenu (depuis les années 80) le travail de gouverner comment se réalisent des possibilités projetées par ces mêmes salariés. Le manager fait alors profession d’aider à réaliser ces projets, sous condition que cela aboutisse à la création de nouvelles « poches » d’activité pouvant profiter à des investisseurs. Ce constat permet d’envisager que, dans ce nouveau capitalisme, l’avenir du corps existant et du collectif dans lequel il insiste est certes « libéré », mais que cette « liberté » est en même temps toujours soumise a priori à l’exigence de rentabilité. La normativité capitaliste s’exerce donc au niveau de la conception de l’avenir. Ainsi, l’émergence du terme de projet dans ce nouveau discours signifie la traduction des avenirs réalisables en avenirs profitables, ou encore une réduction capitaliste des horizons du possible.