2017
Cairn
Max Rousseau, « La densité fait-elle la mixité ? : Politiques de densification et inégalités territoriales dans l'agglomération de Lyon », Sociétés contemporaines, ID : 10670/1.vg9d2j
Par le biais d'une analyse des politiques de densification mises en œuvre au sein de la deuxième agglomération française (Lyon), l'objectif de cet article est de comprendre le semi-échec de la législation nationale française visant à substituer la ville dense à l'étalement urbain. En effet, si la densification des banlieues lyonnaises semble bien engagée depuis une décennie, l'un des objectifs de la loi Solidarité et renouvellement urbain était de doubler la mutation paysagère d'une mutation sociale ; la mixité sociale induite par la densification étant supposée briser les tendances ségrégatives constatées dans les grandes agglomérations françaises depuis l'échec de la première vague de suburbanisation post seconde guerre mondiale. Or, les politiques de densification mises en œuvre dans l'agglomération lyonnaise ne visent guère à infléchir la ségrégation historique entre la banlieue ouest, résidentielle et huppée, et la banlieue est, industrielle et populaire. Au contraire, le compromis politique noué entre les maires de l'ouest lyonnais et la communauté urbaine permet de transformer la densification en un vecteur de renforcement de la spécialisation résidentielle de l'Ouest. De même, celui noué entre les maires de l'Est et la communauté urbaine permet de transformer la densification en un vecteur de renforcement de la spécialisation de l'Est, tourné vers le développement économique. Cet article montre que la politisation de la densification ainsi que les règles du jeu intercommunal limitent dès lors les possibilités de répartir les fonctions et les populations à l'échelle de la métropole, en dépit d'un changement perceptible de la forme urbaine survenu au cours de la dernière décennie.