Travail et servitude paysanne aux Xe et XIe siècles : Autour de Rathier de Vérone et Adalbéron de Laon

Fiche du document

Date

2019

Discipline
Type de document
Périmètre
Langue
Identifiant
Collection

Cairn.info

Organisation

Cairn

Licence

Cairn




Citer ce document

Nicolas Carrier, « Travail et servitude paysanne aux Xe et XIe siècles : Autour de Rathier de Vérone et Adalbéron de Laon », Histoire & Sociétés Rurales, ID : 10670/1.vu42jk


Métriques


Partage / Export

Résumé Fr En Es

Depuis les travaux de Georges Duby et Otto Gerhard Oexle, le Carmen ad Robertum d’Adalbéron de Laon est regardé comme un des principaux témoins de la théorie des trois ordres au Moyen Âge central. Néanmoins, on s’étonne qu’il considère tous les laboratores comme des serfs, ce qui ne paraît pas correspondre à la réalité sociale et juridique de son temps. On pense que d’autres auteurs, comme Rathier de Vérone dans ses Praeloquia, ont su mieux dépeindre la diversité du monde paysan, et noter notamment le clivage entre travailleurs libres et asservis. Par le réexamen de ces deux textes et leur mise en contexte, on montre ici que ces auteurs, qui écrivent à un siècle d’intervalle, ne doivent pas être opposés mais qu’ils sont deux témoins d’une progressive imputation générale de servitude à la paysannerie. Adalbéron, et déjà Rathier avant lui, reflètent une incapacité des élites européennes à penser qu’un travailleur de la terre puisse être vraiment libre, surtout s’il est tenancier et soumis à la justice de son seigneur. Ce trait de mentalité est le fondement intellectuel de la naissance du servage. Il devient un fait de droit lorsque les seigneurs s’échangent les paysans qu’ils considèrent comme leur propriété.

Ever since the studies by Georges Duby and Otto Gerhard, Adalberon of Laon’s Carmen ad Robertum is regarded as one of the main witnesses to the theory of the Three Orders of society in the Early Middle Ages. Nevertheless, it is surprising that he considers all laboratores to be serfs, which does not seem to correspond to the social and legal reality of his time. It is thought that other authors, such as Rathier of Verona in his Praeloquia, were able to better portray the diversity of the peasant world, and in particular to distinguish between free and enslaved workers. By re-examining these two texts and contextualizing them, we show here that these two authors, who wrote a century apart, should not be opposed, but that they are two witnesses to a general and progressive imputation of servitude to the peasantry. Adalberon and Rathier reflect the inability of European elites to think that a labourer could be truly free, especially if he was a tenant and subject to his landowner’s justice. This way of thinking is the mental foundation of the birth of serfdom. It influenced the law when landowners trade peasants that they regard as their property.

ResumenDesde los trabajos de Georges Duby y de Otto Gerhard Oexle, se considera el Carmen ad Robertum de Adalberón de Laon como uno de los principales testigos de la teoría de las tres órdenes en la Edad Media central. No obstante, uno puede asombrarse que él considere todos los laboratores como siervos, lo que no parece conformarse con la realidad social y jurídica de su época. Se piensa que otros autores, como Rathier de Verona en sus Praeloquia, supieron describir mejor la diversidad del mundo campesino y en particular marcar la diferencia entre trabajadores libres y siervos. Al examinar de nuevo estos dos textos y su puesta en contexto, se demuestra aquí que no hay que oponer a estos autores, que escriben a un siglo uno de otro, sino señalar que ambos son testigos de una progresiva adscripción general del campesinado a la servidumbre. Adalberón, y ya Rathier antes, son el reflejo de la incapacidad de las élites europeas a pensar un trabajador de la tierra como un ser realmente libre, sobre todo si es colono y sometido a la justicia de su señor. Este rasgo de mentalidad es el fundamento intelectual del nacimiento de la servidumbre. Se trasforma en derecho cuando los señores se intercambian campesinos que consideran como su propiedad.

document thumbnail

Par les mêmes auteurs

Sur les mêmes sujets

Sur les mêmes disciplines

Exporter en