2020
Cairn
Sylvestre Frézal, « Solvabilité 2 : les assureurs se sont-ils laissé piéger ? », Annales des Mines - Réalités industrielles, ID : 10670/1.vymdmr
En dépit d’une gestation difficile, Solvabilité 2 a incarné l’état de l’art en matière de régulation prudentielle des assurances. Début 2016, elle est entrée en vigueur. Elle est aujourd’hui largement décriée.Elle s’appuie sur deux postulats : 1) nous sommes capables de quantifier les risques extrêmes, et 2) les exigences de capital fondent les incitations des dirigeants. S’appuyant sur des modalités opérationnelles induites par ces deux postulats, Solvabilité 2 avait pour objectif d’optimiser la gestion des risques dans les compagnies d’assurance, ainsi que l’utilisation du capital dans cette industrie. Nous proposons ici un retour d’expérience interrogeant la pertinence de ces postulats et les conséquences de cette régulation.Il apparaît que la quantification des risques rares n’est, en termes d’ordre de grandeur, pas fiable ; que les « incitations » mises en œuvre conduisent à dissoudre les responsabilités ; et qu’en homogénéisant la façon de penser le risque, elle introduit un risque systémique.