2015
Cairn
Patrick Quillier, « « Entre ars et scienza » : enjeux du contrepoint en musique, et de la musique au poème », Littérature, ID : 10670/1.w6dlwy
Cet article retrace l’histoire du contrepoint en musique depuis le ixe siècle jusqu’à nos jours. Cette histoire est essentielle, puisque le contrepoint n’entre pas dans les universaux de la musique : il est de fait le produit d’une histoire de la musique occidentale. Sa définition découle donc d’une évolution particulière, dont sont ici rappelées les étapes, du déchant médiéval à la dévaluation progressive du contrepoint depuis le classicisme. Cette dévaluation semble attribuée chaque fois à l’excès d’intellectualisme ou de formalisme associé au contrepoint, accusé d’être un art mathématique détournant la musique de ses fonctions expressives fondamentales. S’appuyant sur les propos de compositeurs et de musicologues des xxe et xxie siècles, cet article cherche à nuancer l’opposition dialectique entre contrepoint et harmonie, en renouant avec l’esprit premier qui a présidé à l’émergence puis au développement du contrepoint. Il est ainsi postulé que toute œuvre est d’emblée en elle-même un contrepoint de la réalité, s’entrelaçant toujours déjà à un environnement ou un paysage sonore, ce fondement contrapuntique permettant finalement à l’auteur de rapprocher œuvres musicales et littéraires.