2010
Cairn
Jean Mongrédien, « Le Théâtre-Italien de Paris sous le Consulat et l'Empire », Napoleonica. La Revue, ID : 10670/1.w8dyeh
Né au début du XVIIe siècle en Italie, l’opéra se développe en France non pas en langue italienne mais en français, sous l’impulsion de Louis XIV qui crée l’Académie royale de musique (1669-1673). Le public français applaudit alors des tragédies lyriques ou, dans un genre mineur, des œuvres comiques ou opera buffa, quand dans le même temps, en Italie et en Europe, les œuvres du grand opéra italien ou opera seria rencontrent un triomphe. Le Premier Consul Bonaparte, qui a découvert l’opéra italien lors de sa première campagne d’Italie, change la donne en créant à Paris, en 1801, une troupe permanente de chanteurs italiens qui prend le nom de Théâtre-Italien de Paris. Mais elle ne peut toujours jouer que des œuvres de l’ opera buffa de Cimarosa, Guglielmi, Sarti ou Paisiello. L’art du bel canto séduit de plus en plus le public français, et en 1810, l’Empereur décide d’autoriser l’ opera seria sur les scènes françaises.C’est au Théâtre-Italien que sont données les premières françaises, dans leur version originale et non adaptée pour le public français, des trois chefs-d’œuvre de Mozart que sont Le Nozze di Figaro (en 1807), Cosi fan tutte (en 1809), Don Giovanni (en 1811). Le Paris musical se partage entre les encenseurs du compositeur autrichien et ses détracteurs. La critique française est alors dominée, non par des spécialistes de la musique, mais par des hommes de lettres qui regrettent dans ces œuvres que la musique puisse être mise sur le même plan que le texte.Le rôle du Théâtre-Italien sous le Consulat et l’Empire est fondamental dans l’évolution du goût musical en France à l’aurore du romantisme. La musique romantique s’affranchit peu à peu des codes « raisonnables » de la musique des Lumières, pour permettre à l’auditeur de s’abandonner au sentiment et à l’émotion.