2020
Cairn
Côme Simien, « Rumeurs et Révolution : la saison des massacres de septembre 1792 », Annales historiques de la Révolution française, ID : 10670/1.wq3pvt
Le couple « rumeur/Révolution » est bien connu des historiens depuis les travaux pionniers de Georges Lefebvre sur la Grande Peur de 1789. La place des fausses nouvelles dans le déclenchement des Massacres de Septembre 1792 à Paris a elle-même depuis longtemps été mise à jour par Pierre Caron, et plus récemment par Timothy Tackett. Dans le sillage de ces réflexions, le présent article se propose d’étudier la « crise rumorale » de l’été 1792, l’une des plus importantes de la Révolution : natures des bruits en circulation, formes de leur diffusion dans l’espace géographique comme dans l’espace social, vecteurs de leur amplification, conséquences de la quête d’informations qu’ils révèlent... En confrontant la situation parisienne (la mieux connue) à la « saison » de massacres que connaît alors la France, de la mi-juillet au début du mois d’octobre 1792 (moins connue), il en ressort le portrait d’un pays travaillé par des bruits multiples quoique sans articulation directe entre eux (sinon par la peur des complots qu’ils véhiculent), leur large degré d’acceptation dans le corps social là où la geste violente éclate, leur prise avec le réel aussi, comme le caractère non inéluctable du lien rumeur-violence collective.