2005
Cairn
Bernard Ennuyer, « Le droit des usagers », Gérontologie et société, ID : 10670/1.wv69ba
La loi de janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale a remis en lumière la notion de «droit des usagers». Il nous semble que ce droit des usagers est considéré un peu rapidement par le législateur et par certains professionnels comme un gage de respect des droits et libertés des personnes «prises en charge». Nos propos mettent en question cette belle assurance... D’abord la notion même d’usager est loin de faire l’unanimité auprès des experts qui ont réfléchi sur cette question. Certains y voient même une certaine condescendance, voire l’émergence d’une sous citoyenneté. D’autres voient dans ce droit des usagers une concession importante faite à l’individualisme ambiant et à la marchandisation du social. En tout état de cause, on voit immédiatement que la notion de libre choix de l’usager, quant aux services ou structures dont il aurait besoin, ne résiste pas à l’épreuve de la réalité en ce qui concerne notre champ de travail, celui de la vieillesse qui va mal, tellement l’offre de services, de prestations et de places en établissement est globalement insatisfaisante par rapport à la demande des personnes. Il nous semble que ce droit des usagers reste finalement, d’une part le droit des plus forts, d’autre part essentiellement le droit de se plaindre. Le vrai droit qui reste aujourd’hui à mettre en place pour que l’usager d’une structure puisse exercer sa liberté, ce sont les droits... et les devoirs du citoyen, qui lui permettront de peser sur les choix collectifs de la nation et notamment d’imposer les choix budgétaires congruents à l’éthique de cette société qui dit assurer le respect et la dignité des plus fragiles de ses citoyens et ne le fait toujours pas!