Temps de l'olympisme, temps des constructeurs et temps des médias : la relativité des points de vue sur le changement dans l'espace de la navigation. Le cas des promoteurs de planche à voile et du discours « fun »

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2011

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Arnaud Sébileau, « Temps de l'olympisme, temps des constructeurs et temps des médias : la relativité des points de vue sur le changement dans l'espace de la navigation. Le cas des promoteurs de planche à voile et du discours « fun » », Sciences sociales et sport, ID : 10670/1.xb56c8


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Ce texte se propose, par le recours à la sociogenèse des pratiques diversifiées de la planche à voile et de leur encodage successif, de rendre compte des processus sociaux qui ont conduit à produire le discours sur le « changement » de l’univers sportif à partir du milieu des années 70. La reconstruction des points de vue relatifs sur les rythmes de changement des matériels permet de dévoiler les conditions sociales, symboliques et objectives à partir desquelles les revendications modernistes et progressistes des promoteurs des produits technologiques les plus récents en planche à voile acquièrent un sens à leurs yeux, notamment dans la lutte pour l’imposition de la définition légitime de la navigation sur cet appareil. En prenant pour point de départ l’histoire de la structuration de l’espace de la navigation sur engins à voile, il est possible de montrer que les agents les plus investis et impliqués dans l’institutionnalisation compétitive de la planche à voile sont conduits, avec constance, à historiciser leur prise de position par la relégation au passé des choix fédéraux et olympiques en la matière. Pris dans ces rapports de forces, ils se proclament du côté de « l’avenir » contre le « passé », du « nouveau » contre « l’ancien », du « jeune » contre le « vieux » et se classent en terme « historique » et « chronologique » en disqualifiant les fédérations contre qui ils prennent position. Ces catégories symboliques prennent un sens objectif et sont dotées d’efficacité en raison des temporalités respectives des institutions investies dans ces luttes : les cycles de renouvellement des équipements de régate et de consécration de l’excellence compétitive adoptés par les instances olympiques depuis plus de cent ans est moins rapide que celui que cherchent à imposer, conformément à leurs intérêts respectifs, les industriels et les médias. L’analyse du recrutement social des pratiquants montrent de plus que ces luttes, ayant aussi pour enjeu le monopole de la définition légitime de la pratique, opposent des catégories sociales qui se distinguent par plusieurs caractéristiques. D’une part, les modalités de navigation en planche à voile les plus récentes, comme le funboard, sont le fait des pratiquants les plus âgés convertis tardivement à la planche à voile, comparativement aux adeptes des formes plus anciennes de régates. Dotés de dispositions pour les pratiques sportives acquises antérieurement, parfois tard-venus à la navigation, les premiers funboarders introduisent des normes différentes de celles imposées par la Fédération Française de Voile dans l’espace de la navigation. D’autre part, outre leur âge, les funboarders se distinguent du public fédéral par leur moindre possession de capitaux culturels.Opposant ainsi les fractions cultivées des catégories les plus dominantes de l’espace social, les transformations de l’espace de la navigation sur engin à voile au milieu des années 70 ne sauraient être le reflet d’une quelconque « révolution culturelle » au sein de l’univers sportif : cet encodage particulier trouve en premier lieu son principe dans les stratégies auxquelles ont recours les agents pour pérenniser leur carrière de sportifs dans des espaces de pratiques où, précurseurs, ils peuvent encore prétendre appartenir à l’élite. En second lieu, le discours sur la « révolution fun » est à resituer dans les enjeux de positionnement de ceux, qui, le plus investis dans les luttes pour l’institutionnalisation compétitive des pratiques de la planche à voile, ont tout intérêts à se réclamer du côté du « changement » pour légitimer leurs revendications et justifier leurs prises de positions.

Olympism time, shipbuilders time and mass media time: the relativity of the viewpoint on the change in the sailing domain. The case of the promoters of windsurfing and of “fun” discourseThe current paper, with the help of the socio-genesis of the diversified practices of windsurfing and through their successive encodings, aims to render an account of the social process which led to produce the discourse on the “change” of the sporting world in the middle of the seventies. The reconstruction of the relative points of view on the rhythms of the change in materials allows to reveal the social conditions – symbolic and objective – from which the modernist and progressive claims of the promoters of the most recent technological products in windsurfing gain a meaning in their eyes, notably in the fight to impose the legitimate definition of sailing on such devices.Taking as a starting point the history of the structuring of sailing on sailing-devices, it is possible to show that the most invested agents involved in the competitive institutionalisation of windsurfing are constantly led to historicize their position by the relegation to the past of the Olympic and federal choices concerning the topic. Taken in such balances of power, they proclaim they are on the side of “future” opposed to “past”, “new” opposed to “ancient”, “young” opposed to “old” and they position themselves in “historical” and “chronological” terms, disqualifying the federations against which they take their stand. These symbolic categories take an objective meaning and are endowed with efficiency because of the respective temporalities of the institutions invested in those struggles: the cycles of regatta equipment renewal and those concerning the consecration of competitive excellence such as adopted by the Olympic authorities for more than a century are less fast than the one industrialists and medias try to impose, accordingly to their respective interests. The analysis of the social recruitment of the sportsmen moreover shows that those struggles, also having the monopoly of the legitimate definition of the practice for issue, contrast social categories distinguishable through various characteristics. On the one hand, the terms of the most recent windsurfing options such as “fun-boarding” are the choice of the older sportsmen who are late comers in the field of windsurfing, comparatively to the enthusiasts of the older forms of regattas. Equipped with aptitudes for the formerly acquired sports practices, sometimes late coming to sailing, the first fun-boarders bring in different norms from those so far imposed by the French Sailing Federation in the nautical field. On the other hand, in addition to their age, fun-boarders distinguish themselves from the rest of the federal audience by their scarcer possession of specific cultural backgrounds.Opposing thus the cultivated sections of the most dominating categories of the social space, the transformations of the specific sailing-devices space of the mid-seventies would not be the reflection a “cultural revolution” in the midst of the world of sport whatsoever: this peculiar encoding first of all finds its principle in the strategies used by the agents to make their sport career perpetual in spaces of practice where, being precursors, they can keep on pretend belonging to the elite of the sport. Secondly, the discourse on the “fun revolution” has to be set also in perspective with the issues of the positioning of those whose best interest is to claim they are on the side of change to legitimate their demands and justify their positions, as they are more invested in the struggles for the competitive institutionalisation of windsurfing.

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