12 mai 2012
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Pierre Nevoux, « Le roman espagnol et l’Europe au XVIIe siècle : regards sur le réel et projets fictionnels », Theses.fr, ID : 10670/1.xbd91o
Cette thèse a pour objet la représentation de l’Europe dans les romans espagnols du XVIIe siècle et en particulier de trois d’entre eux : le Persiles (1617) de Miguel de Cervantès ; l’Estebanillo González (1646), attribué à Gabriel de la Vega ; et le Criticón (1651-1657) de Baltasar Gracián. Ces récits ont la particularité d’investir de vastes étendues européennes, alors que la plupart des romans du Siècle d’Or – hormis les livres de chevalerie – tend à se resserrer sur le territoire ibérique. L’enjeu de ce travail est de montrer que cette extension européenne est indissociable de projets littéraires ambitieux. Loin de se borner à une fonction ornementale, la géographie choisie par le romancier fonde un positionnement vis-à-vis du champ littéraire et du contexte historique. Dans nos récits à échelle continentale, investir des contrées jusqu’alors inexplorées par le roman est une façon d’aborder des formes et des thèmes inédits ; et traverser les territoires de plusieurs genres permet de confronter diverses écritures et des visions du monde généralement dissociées. Corrélativement, cette étude cherche à montrer que l’existence de « romans européens » dans l’Espagne du XVIIe siècle est liée à l’émergence de l’Europe comme d’une réalité prégnante : un espace culturel partagé, en passe de se substituer à la Chrétienté médiévale des livres de chevalerie ; un échiquier géopolitique où est remise en question la suprématie habsbourgeoise ; en somme, un horizon décisif pour l’existence des Espagnols. Si le Persiles, l’Estebanillo et le Criticón développent une écriture originale, c’est aussi pour explorer l’histoire en cours et la réécrire en y projetant un imaginaire propre.