Annius de Viterbe et le roman des origines en France et en Espagne

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11 septembre 2020

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Chantal Grell, « Annius de Viterbe et le roman des origines en France et en Espagne », Casa de Velázquez, ID : 10670/1.xld2ey


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Les généalogies fabuleuses d’Annius de Viterbe, publiées à Rome en 1498, qui permettaient aux différentes nations européennes de se trouver des ancêtres au lendemain du déluge, ont connu des succès divers en Europe au XVIe siècle et, notamment, en France et en Espagne, ici considérées. Introduites en France par Jean Lemaire de Belges au début du siècle, ces généalogies connurent leur heure de gloire avec l’épanouissement du mythe gaulois, dans les années 1550-1560. En Espagne, en revanche, leur succès fut immédiat. Les vingt-quatre rois d’Annius permettaient non seulement de simplifier une histoire des origines sur laquelle des générations avaient déjà beaucoup brodé mais, en outre, ils constituaient un argument décisif en faveur des Espagnols dans leur lutte pour la primauté contre leurs rivaux français. Tous les historiens firent leur cette liste, sans trop y regarder. La critique historique, en dépit des réserves multiples énoncées ici et là, eut peu de prise sur les « forgeries » d’Annius car il s’agissait d’un faux de « qualité » qui répondait aux interrogations du temps et satisfaisait aussi l’orgueil des différents États à même, désormais, d’affirmer leur noblesse et leur autonomie par rapport à l’histoire romaine et, plus généralement, leur identité face à l’Italie humaniste.

Las genealogías fabulosas de Annio de Viterbo, publicadas en Roma en 1498, que permitían a las diferentes naciones europeas dotarse de antepasados que remontaban al diluvio, conocieron un desigual éxito en la Europa del siglo xvi, especialmente en Francia y España, países aquí considerados. Introducidas en Francia por Jean Lemaire de Belges a comienzos del siglo, tuvieron su hora de gloria con el florecimiento del mito galo en los años 1550-1560. En España, sin embargo, su éxito fue inmediato. Los veinticuatro reyes de Annio permitían no sólo simplificar una historia de los orígenes embellecida por muchas generaciones, sino que además constituían un argumento decisivo a favor de los españoles en su lucha por la primacía contra sus rivales franceses. Todos los historiadores se apropiaron de la lista sin prestarle demasiada atención. La crítica histórica, a pesar de las múltiples reservas enunciadas aquí y allá, tuvo poco efecto sobre las «invenciones» de Annio, ya que se trataba de una falsificación de «calidad» que respondía a los interrogantes de la época a la vez que satisfacía el orgullo de los diferentes Estados, que se veían autorizados desde entonces para afirmar su nobleza y su autonomía respecto a la historia romana y, más en general, su identidad frente a la Italia humanista.

The fanciful genealogies of Annius of Viterbo published at Rome in 1498, which allowed the different nations of Europe to trace their ancestors back to the time following the Flood, achieved varying success in 16th-century Europe, particularly in France and Spain, the cases considered here. Introduced to France by Jean Lemaire de Belges at the beginning of the century, these genealogies enjoyed their moment of glory with the blossoming of the Gaulish myth in the years 1550-1560. In Spain, on the other hand, their success was immediate, The twenty-four kings counted by Annius not only simplified a history of origins which several generations had already embroidered, but they further lent the Spanish a decisive argument in their bid for primacy against their French rivals. All historians accepted this list without looking very much askance. Despite various reservations expressed here and there, historical criticism made little headway against Annius’s «forgeries», for this was «quality» counterfeiting which settled the doubts of the time and further assuaged the pride of the different States, besides thereafter affirming their nobility and their autonomy with regard to Roman history, and generally confirming their identity in the face of humanist Italy.

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