2015
Cairn
Françoise Biotti-Mache, « La condamnation à mort de l’homosexualité. De quelques rappels historiques », Études sur la mort, ID : 10670/1.xly6ci
A l’heure où la France vient de choisir d’autoriser le mariage pour tous, il existe des régions du monde où être homosexuel induit encore réprobation, condamnation et punition, voire exécution capitale. Or, l’Histoire nous apprend que la tolérance comme la condamnation sont deux attitudes qui ont alterné depuis cinq millénaires. Certaines civilisations n’ont jamais proscrit l’homosexualité, comme la Grèce ou la Rome antiques ; d’autres l’ont vouée aux gémonies et ont lapidé, brulé les homosexuels pendant des siècles, comme le Judaïsme, le Christianisme ou l’islam. On parlait de sodomie en souvenir de la ville détruite par Yahvé. Le crime de sodomie étant contre nature et ayant été condamné par Dieu lui-même, le droit canonique puis les lois des hommes ne pouvaient faire moins que de se conformer au droit divin.Ainsi pendant près de deux mille ans, on a pourchassé et condamné les sodomites, mais sans vraiment savoir ce qu’ils avaient fait ou pour de toutes autres raisons que celles qu’officiellement on leur imputait. Le crime de sodomie est souvent devenu un prétexte ou un moyen d’atteindre ceux qu’on ne pouvait inculper d’autre crime mais que l’on voulait abattre. Par ailleurs, cette histoire est celle des paradoxes entre une théorie rigoureuse et une application du droit souvent profondément laxiste. Mais pendant des siècles, les juges ne furent-ils pas les plus convaincus des pécheurs ?Ces quelques rappels historiques, dans le cadre de cette étude sur le sexe et la mort, ne sont ni une histoire de l’homosexualité, ni une histoire du droit des mœurs, mais juste quelques repères dans cette longue évolution qui va de l’interdiction divine de l’homosexualité à l’autorisation des mariages homosexuels et à l’incrimination de l’homophobie, voire à une toute nouvelle variation dans la position de l’église catholique à travers les propos du Pape François, tout en se souvenant que ce ne sont qu’acquis très récents et dans une partie du monde, car, « ailleurs », on peut encore mourir d’être homosexuel.