2007
Cairn
Alain Villez, « EHPAD : La crise des modèles », Gérontologie et société, ID : 10670/1.xunmgn
Les établissements d’hébergement de personnes âgées connaissent aujourd’hui la troisième période de leur adaptation à l’évolution des besoins exprimés par les personnes âgées et leur famille. Après le temps de l’humanisation des hospices, vint le temps de la médicalisation, s’est engagé maintenant celui de la réforme de leur tarification qui doit être également celui de leur refondation éthique; au risque dans le cas contraire de subordonner leur fonctionnement et les conditions de vie qu’ils offrent à leurs résidents aux aléas de modes de régulation et de financement inspirés davantage par une volonté de contrôle technocratique que par le souci de voir s’épanouir des projets de vie d’établissement plus respectueux des besoins et des droits des personnes âgées. Une organisation trop rigide des institutions induite par la rationalisation de la gestion des moyens humains, alliée à un souci d’écarter tout risque de mise en cause de la responsabilité des professionnels peut conduire à la négation de la liberté, du droit de prendre des risques et de conserver la possibilité d’effectuer des choix. Les personnes accueillies dans les établissements sont de plus en plus âgées, handicapées et vulnérables et proches de la fin de leur vie. Ces caractéristiques rendent plus difficiles l’expression et le recueil d’un consentement et de choix et peuvent conduire les professionnels à sombrer dans une forme de toute puissance conduisant à l’excès de pouvoir et à l’abus de faiblesse. Les institutions, si elles ne veulent pas sombrer dans la gestion rationalisée des corps de vieillards réduits au statut de simples objets de soins, doivent refonder leur projet de vie en fonction de différents modèles qui ont jalonné l’histoire plus ou moins fantasmatique des institutions sanitaires et sociales pour personnes âgées.