Rêves de citoyens : mythes et utopies dans les pays romands au temps des Lumières

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2016

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H. Mendes Baiao, « Rêves de citoyens : mythes et utopies dans les pays romands au temps des Lumières », Serveur académique Lausannois, ID : 10670/1.y1wrja


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Mon travail de recherche doctoral présente le rôle que la littérature suisse francophone, à l'époque des Lumières, a joué dans l'élaboration d'un corpus de réformes sociales pour la Suisse et principalement les pays romands. Au 18e siècle, la fiction n'est pas un domaine qui possède une autonomie propre, les auteurs se servent des créations fïctionnelles pour propager des idées de société. En particulier, les interrogations sur la « vertu » et le « perfectionnement » humain sont à la mode. Réflexions profondément politiques, celles-ci diffusent dans les romans une perspective de changements sociaux qui infiltrent les différentes trames des récits romanesques. L'approche adoptée dans ce travail se rapproche de l'histoire des idées politiques de Cambridge. En effet, j'ai utilisé les cadres de réflexion proposés par J. G. A. Pocock - Le Moment machiavélien (1975) - et Quentin Skinner - The Foundations of Modern Political Thought (1978) - afin d'explorer les formes du républicanisme suisse. Le républicanisme étudié comme « humanisme civique » se révèle un objet relativement vaste, pouvant découler d'un programme politique, de modes d'être, de prescription morales, d'idées d'éducation ou d'instruction publique, voire d'utopies politiques et sociales. Le résultat de ma recherche se répartit en trois parties. La première section est consacrée au « mythe suisse » ; la deuxième partie quant à elle aborde les débats politiques autour de la théologie libérale de Jacob Vernes et de la religion naturelle de J.-J. Rousseau ; tandis que la troisième section traite des mises en scène fïctionnelles d'une 'vertu' tirée du « sentiment ». La première partie de mon travail a été l'occasion en observant les sociétés naturelles auxquelles on associe généralement la définition du « mythe suisse » (proposées par Albrecht von Haller, Jean-Jacques Rousseau, Horace-Bénédict de Saussure, etc.), de comprendre le rôle moral que jouent les caractéristiques des petites communautés de montagne dans la construction intellectuelle d'une idéologie de la vertu républicaine, anti-commerciale et patriotique basée sur la frugalité, la simplicité et les valeurs militaires. Les « sociétés naturelles » helvétiques ont fourni tout au long du XVIIIe siècle les ressources morales et esthétiques pour valoriser un type de société relativement communautaire et autarcique. La deuxième partie cherche à comprendre - autour des figures de Jean-Jacques Rousseau et du théologien genevois Jacob Vernes - l'opposition politique entre une religion naturelle et une religion chrétienne. Jean-Jacques Rousseau et les républicains inspirés par l'Antiquité affirment que la vertu ne peut se sustenter qu'au sein de systèmes retirés des pratiques commerciales (afin de préserver les hommes de la corruption), orientées vers l'agriculture et les échanges internes. Alors qu'il est possible de remarquer dans la culture genevoise un courant qui légitime grâce à un « christianisme moral » les pratiques commerciales nécessaires à la survie d'une cité marchande et bancaire comme la Genève du XVIIIe siècle. La troisième partie de mon travail porte quant à elle sur la recherche d'une « vertu naturelle » (sans référence chrétienne explicite) autour des notions de « sentiment » ou d'« humanité ». Je me sers de la littérature helvétique des romans sentimentaux inspirés par le récit de La Nouvelle Héloïse et je cherche à comprendre l'idéal républicain du citoyen helvétique développant au contact de la nature une activité patriotique et philanthropique sur ses terres (en valorisant l'agriculture, en aidant les paysans et en se « perfectionnant » moralement), tout en privilégiant son intimité. Au centre des entrelacements idéologiques, et pour les plus rousseauistes des auteurs, on peut en effet deviner au sein de ces « romans sentimentaux » l'idéal d'une république démocratique agricole, parsemée de petites communautés villageoises ou familiales, de citoyens-agriculteurs sobres, humains, rationnels et délaissant toute spéculation et paresse contemplative pour l'action sociale et l'érection d'une société du bonheur. En conclusion, j'espère avoir démontré le rôle central qu'ont joué les romans pour la diffusion d'une idéologie de réformes tout en discutant celles-ci à l'intérieur du cadre politique et religieux des républiques suisses. -- My PhD topic is part of a project studying Swiss History in the 18th Century. This project was elaborated by the universities of West Switzerland: Geneva, Lausanne, Fribourg, Neuchâtel and the Bernese institutions. This large collaboration between Swiss Cantons was constructed in order to gain a better comprehension of Swiss enlightenment, for instance: Swiss opposition to French materialists, religious beliefs, political organization, literary, artistic and theological characteristics, etc. As my Master thesis concerned Utopian thought, my PhD thesis subject is focused on the perspectives of reforms proposed by the Swiss scholars of the Eighteenth century. As a coherent body of writing was needed, I considered following Swiss enlightenment ideals in fiction, particularly in sentimental narratives. Considering that institutional and anthropological reforms were presented to lecturers in the second half of the 18th Century in sentimental narratives, my project would help to elucidate how fictions interacted with enlightenment philosophy. In the 18th Century, Switzerland was a Confederation of free and independent Republics. Political language was constructed according to that reality. The main paradigm of these kind of political structures was ancient republics, in particular Roman and Greek traditions. As far as a classical republican tradition is respected scholars will be confronted with narratives on virtù, on active citizenship, on luxury rejection, and on the glorification of self-defence, including armed citizenship. As a land of republics with small towns, both natives and foreigners considered Switzerland as an idealistic country for virtù. Swiss fiction constructed discourses on all these republican objects. The aim of my historical research is to understand the social visions (ideal-types), or Utopias, that are expressed. For my research project an ideal-type around the concept of natural republicanism was constructed. The aim of this intellectual construction is to tie together the ideals expressed in reform programs pursuing religious toleration and democratic rights. A novel like Jean-Jacques Rousseau's Nouvelle Héloïse constituted an archetype for sentimental narratives all over the European culture during the 18th Century. These kinds of fictional narratives highlighted the responsibility of citizens concerning the respect of justice and social ideals, as the novels were written in order to educate readers to a virtù of sentiment, a natural virtù rejecting self-love (egoism) and promoting the qualities of a "good heart". To conclude, my personal research aims at analysing the citizen exhortations in Swiss sentimental narratives. First of all, novelists develop the expression of a natural religion, exclusively moral, against theological dogmatism and traditional Calvinism. Connected to that, a wide public debate concerned the role that self-love could play in republican regimes, regarding the idea that republican institutions must be egalitarian and shared by all citizens. In terms of luxury, Swiss sentimental novelists aimed at furthering agricultural reforms. Ideas in agriculture are expressed to encourage moral activities and food sufficiency, and are preferred to the development of industry and the practice of commerce. Republican thinkers and Swiss sentimental novelists shared the opinion that commercial activities by changing city traditions and social military virtù would bring citizenship to "corruption" and destroy the State. Finally, in terms of political thought, Swiss novelists supported the republican model of a direct democracy against the aristocratic habits of patrician families who controlled the power. In conclusion I have tried to show that Swiss enlightenment was elaborated following Swiss republican and religious traditions and that novels played a major role in spreading new ideas.

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