2019
Cairn
Riadh Jaidane, « L’Union européenne et les transitions démocratiques en Afrique : réflexions sur le cas tunisien », L'Europe en Formation, ID : 10670/1.y7q0f0
La Tunisie, associée dès le départ en 1995 au processus méditerranéen de Barcelone, s’est trouvé quelques années plus tard initiatrice d’un processus démocratique et présentée en tant que modèle dans la région et d’ailleurs le seul pays où la transition démocratique s’est révélée solide. L’étude des relations de la Tunisie avec l’Europe dans le cadre du soutien de cette dernière à sa transition démocratique est révélatrice des efforts fournis par l’UE. Ce soutien s’est traduit par plusieurs mesures et accords de partenariats, et notamment la conclusion d’un partenariat privilégié avec la Tunisie, en novembre 2012, qui a concrètement matérialisé le projet de l’accompagnement de l’UE aux réformes impliquées par la transition démocratique afin d’aboutir à un Accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA). Les négociations de l’ALECA ont débuté en octobre 2015 pour privilégier une intégration économique plus étroite entre l’UE et la Tunisie et permettre d’ancrer davantage la Tunisie à l’Union et d’asseoir les institutions étatiques dans le cadre de l’État de droit en soutenant la démocratisation. Mais malgré les efforts et les actions menées dans ce sens, l’approche européenne de partenariat n’a pas été une réussite totale et s’est avérée non seulement inégalitaire, mais en plus, elle ne répond pas totalement aux défis réels que rencontre la Tunisie qui dénote la persistance de tensions entre valeurs et intérêts. Ce qui a poussé les différentes instances de l’UE, et notamment le Parlement européen, à se prononcer en faveur de mesures plus souples et mieux adaptées afin d’accompagner la jeune démocratie tunisienne.La période difficile que traverse la Tunisie, avec des tensions internes qui se sont traduites par des blocages au niveau politique, la persistance de revendications sociales, des menaces terroristes et des conflits régionaux, et sur le plan économique aurait pu pousser le partenaire européen à proposer un traitement spécifique et à s’adapter à la réalité économique et politique de la Tunisie. La transition démocratique historique de la Tunisie appelle un partenariat UE-Tunisie beaucoup plus ambitieux, qui aille au-delà des mesures usuelles et passe au moins par un assouplissement des réformes imposées qui procèdent d’une conception purement européenne et qui requièrent des efforts importants pour le rapprochement à l’acquis communautaire, la modernisation des institutions et la mise à niveau des infrastructures.La transition démocratique exceptionnelle en Tunisie nécessite un traitement exceptionnel de la part de l’Union européenne afin de favoriser de tels processus dans la région au profit de la paix et au service de la sécurité dans cet espace euro-méditerranéen.