11 juin 2014
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Sira Luthardt, « Christoph Schlingensief 1983-2003 : vers une œuvre d’art totale ? », DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance, ID : 10670/1.ybjttd
À partir de 2004, suite à sa mise en scène de l’opéra "Parsifal" de Richard Wagner, l’artiste allemand Christoph Schlingensief (1960-2010) s’engage dans des œuvres qui témoignent d’une confrontation avec le concept wagnérien d’œuvre d’art totale. La première période de son travail est en revanche marquée par une multiplicité formelle, un goût de la provocation, une désinvolture, voire une violence qui semblent loin de l’harmonie cherchée par Wagner. La pratique artistique que Christoph Schlingensief développe au cours des vingt premières années de sa carrière peut néanmoins être interprétée comme la genèse de ce qui sera reconnu ultérieurement comme Gesamtkunstwerk. Notre étude se concentre sur les années 1983 à 2003 au cours desquelles l’artiste se consacre successivement à des formes et des médias très différents les uns des autres, qui vont du cinéma aux actions, en passant par le théâtre et la télévision. Sans jamais chercher à atteindre la moindre maîtrise artistique ni à s’installer dans une quelconque stabilité, Christoph Schlingensief travaille avec la transgression, la brutalité, la crudité d’une façon déjà extrêmement cohérente. Puisqu’un mouvement vers l’unité et un idéal d’authenticité sous-tendent les œuvres de ses vingt premières années d’activité, la succession des médias et le franchissement continuel des limites conventionnelles peuvent être interprétés comme les prémices de ses recherches totalisantes ultérieures, qui se déploient à travers une dimension plus universelle et plus spirituelle. S’il n’avait pas traversé toutes ces sphères, s’il n’avait pas repoussé aussi vigoureusement les frontières du politiquement correct, le travail de Christoph Schlingensief n’aurait pas pu aboutir à la fusion des différents médias et à l’ampleur de propos auxquelles il accède dans ses œuvres de maturité.