Le métier d'enseignant en Haïti : biographisation et professionnalisation des parcours d'enseignants

Résumé 0

Ce travail est réalisé dans le cadre de mon mémoire de recherche en Sciences de l’éducation (Master II Européen de recherche, Spécialité : Formation des adultes) que j’ai réalisé à l’Université Paris 13/Cnam sous la direction de Christine Delory-Momberger, "Le métier d’enseignant en Haïti : biographisation et professionnalisation des parcours d’enseignants". Il portait sur l’abandon des enseignants haïtiens diplômés travaillant dans le milieu scolaire. Ma réflexion sur la question du métier enseignant revient à s’interroger tant sur la dimension biographique que sur la dimension professionnelle du métier d’enseignant. C’est ainsi que l’objet de mon travail de mémoire se construit à l’intersection de l’étude des processus de biographisation et des processus des professionnalisation. Ce travail m’a donné l’opportunité d’entretenir avec certains enseignants abandonnants au sujet de leur vécu, grâce à des entretiens de recherche biographique que j’ai menés avec eux autours de leur carrière d’enseignant. Ils ont exprimé aussi bien de la passion pour cette profession que du dégoût. L’analyse de ces entretiens m’a permis de relever dans leurs discours un ensemble de difficultés auxquels ils se sont confrontés : salaire insuffisant, incivilité des élèves, problème de statut professionnel, manque de matériels pédagogiques, problèmes d’estime de soi, manque de reconnaissance sociale, effectifs pléthoriques dans les salles de classe, le climat et l’espace scolaire inadapté, dégradation de leur image au sein de la société. En fin de compte, les résultats de ma recherche suscitent un bon nombre d’interrogations et nécessitent un certain approfondissement en vue d’une meilleure compréhension de l’engagement et du désengagement des enseignants. En effet, il existe des contradictions dans le discours des enseignants : d’abord, certains prétendent qu’ils abandonnent le métier mais continuent encore à recevoir leur salaire de l’État. Ensuite, d’autres affirment qu’en abandonnant l’enseignement, ils ont perdu le contact humain car, la salle de classe a été pour eux le lieu par excellence de la réalisation de leur vocation. Et enfin, d’autres voient dans l’enseignement une voie qui facilite une transition vers d’autres champs professionnels plus valorisés socialement et économiquement.