Enkrateia et partition de l’âme chez Platon

Résumé Fr En

Alors que Xénophon a toujours accordé la plus grande importance à l’ enkrateia (« maîtrise de soi »), l’intérêt de Platon pour cette notion ne se manifeste pas avant, semble-t-il, le Gorgias et il se confirme ensuite dans les dialogues ultérieurs, notamment la République et les Lois. La présente étude cherche à mettre en lumière le lien étroit qui existe, chez Platon, entre la partition de l’âme et la reconnaissance de la pertinence de l’ enkrateia. Aussi longtemps que Platon a considéré que l’âme est homogène et qu’elle consiste essentiellement en la raison, il n’a pas reconnu le bien-fondé et l’utilité de l’ enkrateia, puisque l’exercice de la raison suffit à garantir un comportement vertueux. La réhabilitation de l’ enkrateia suppose que l’âme est constituée d’au moins deux « parties » et que l’une d’elles, les désirs, doit être maîtrisée et contrôlée.

While Xenophon has always attached the greatest importance to enkrateia (« self-control »), Plato’s interest in this notion does not appear before, it seems, the Gorgias, and then it is confirmed in subsequent dialogues, including the Republic and the Laws. The present study seeks to highlight the close link that exists, in Plato, between the partition of the soul and the recognition of the relevance of enkrateia. As long as Plato considered that the soul is homogeneous and that it consists essentially in reason, he did not recognize the validity and utility of enkrateia, since the exercise of reason is sufficient to guarantee virtuous behavior. The rehabilitation of enkrateia supposes that the soul consists of at least two « parts » and that one of them, the desires, must be controlled.